L'examen du projet de loi sur le passe vaccinal a été de nouveau suspendu en pleine nuit mercredi en raison du chaos provoqué dans l'hémicycle par les propos du président Macron. «Les conditions d'un travail serein ne sont pas réunies», a déclaré le président de séance, Marc Le Fur (Les Républicains), en annonçant que les débats reprendraient mercredi à 15h00.

Coutumier des déclarations cinglantes, au risque de déclencher une vive polémique, le président français Emmanuel Macron a ciblé les personnes non-vaccinées lors d’une rencontre avec des lecteurs du Parisien. «J’ai très envie de les emmerder, donc on va continuer de le faire, jusqu’au bout. C’est ça, la stratégie», a-t-il affirmé. Une volonté qui passe par des mesures contraignantes. Il veut limiter «autant que possible l’accès aux activités de la vie sociale» à la partie de la population réfractaire à toute injection.

«Je ne vais pas les mettre en prison, je ne vais pas les vacciner de force. Et donc, il faut leur dire: à partir du 15 janvier, vous ne pourrez plus aller au restau, vous ne pourrez plus prendre un canon, vous ne pourrez plus aller boire un café, vous ne pourrez plus aller au théâtre, vous ne pourrez plus aller au ciné…», a listé le président.

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Emmanuel Macron ne mâche pas ses mots, évoquant une «immense faute morale des antivax». «Ils viennent saper ce qu’est la solidité d’une nation, a-t-il asséné. Quand ma liberté vient menacer celle des autres, je deviens un irresponsable. Un irresponsable n’est plus un citoyen.» Le chef de l’Etat hausse le ton pour marquer l’importance de la campagne de vaccination alors que le variant Omicron fait grimper les contaminations dans le pays. S’il rappelle qu’il «faut les laisser vivre» suite aux mesures annoncées la semaine dernière, nul doute que sa charge crispera une population déjà divisée sur la question du vaccin.

Des propos controversés

En pleine campagne présidentielle, l’opposition affirme son mécontentement. Le candidat de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon a jugé «consternants» les propos du président. «Le président maîtrise-t-il ce qu’il dit? L’OMS dit «convaincre plutôt que contraindre». Et lui? «Emmerder davantage». Consternant», a-t-il dénoncé dans un tweet.

Pour Marine Le Pen, candidate du Rassemblement national, «un président ne devrait pas dire ça. Le garant de l’unité de la nation s’obstine à la diviser et assume vouloir faire des non-vaccinés des citoyens de seconde zone. Emmanuel Macron est indigne de sa fonction». Chez Les Républicains, Bruno Retailleau, conseiller auprès de la candidate Valérie Pécresse, a estimé qu’aucune «urgence sanitaire ne justifie de tels mots».

De nombreuses personnes ont défilé samedi contre l’imposition du certificat covid. A Paris, plusieurs manifestants ont pris à partie des journalistes. «On devrait vous péter la gueule», a lancé un homme à un journaliste de LCI, cible de propos agressifs et de fausses informations sur la dangerosité du vaccin. La scène, abondamment partagée sur les réseaux sociaux, en dit long sur le climat de tension qui règne dans le pays. Mi-décembre, Emmanuel Macron reconnaissait, dans un entretien diffusé par TF1 et coanimé par Darius Rochebin, avoir pu heurter des personnes avec ses saillies. Avant d’affirmer: «J’ai blessé des gens, je ne le referai pas. On peut continuer à bousculer les choses tout en ne blessant pas».

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