La mine des mauvais jours. Le président du Conseil européen Donald Tusk n’a pas caché son émotion mercredi. «Ce n’est pas un jour joyeux, ni pour Bruxelles, ni pour Londres», a-t-il déclaré juste après avoir reçu la fameuse missive de Theresa May, déclenchant la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne (UE). Pour autant, «il y a aussi quelque chose de positif». Le Polonais en est certain: le Brexit «nous a rendus plus déterminés et plus unis».

Les 27 ont travaillé tous ces derniers mois, aux côtés de la commission européenne et du Français Michel Barnier, le négociateur en chef de la commission, à éviter la cacophonie le jour où cette lettre d’adieu arriverait. Et ils ont plutôt réussi. Dans une déclaration du Conseil européen publiée le jour même, ils réitèrent que l’UE «agira comme un seul bloc et préservera ses intérêts».

«Intérêts économiques réciproques»

Officiellement, les lignes à défendre sont claires: il faut lever au plus vite les incertitudes pesant sur les citoyens européens et les entreprises commerçant avec le Royaume-Uni. Les 27 veulent en priorité régler le cas des 3,2 millions de citoyens européens résidant en Grande-Bretagne, la question de la facture de sortie estimée entre 50 et 60 milliards d’euros ainsi que la question de l’Irlande du Nord et d’une éventuelle nouvelle frontière avec la république d’Irlande.

Mais des questions plus clivantes pourraient surgir pendant les négociations comme celle de la future relation avec le Royaume-Uni. Certains pays seraient plutôt d’avis qu’il faut définir ce lien au plus vite pour préserver les intérêts économiques réciproques. Mais pour d’autres, négocier cette relation en même temps que le divorce les priverait d’un moyen de pression sur d’autres dossiers, à commencer par le paiement de la facture due par le Royaume-Uni.

Une ligne dure franco-allemande?

En effet, les 27 sont loin d’avoir les mêmes intérêts vis-à-vis de Londres. Il y a les pays très dépendants commercialement du Royaume-Uni, comme la Belgique ou les Pays-Bas. D’autres, à l’image de l’Allemagne ou de la France, sont très soucieux de ne faire aucun cadeau susceptible de donner des envies de divorce à l’anglaise à d’autres Etats membres de l’UE. Le sommet européen du 29 avril au cours duquel les 27 adopteront leurs lignes de négociations sera un premier test de résistance de cette unité affichée.


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