A la frontière française, le labyrinthe des tests PCR et des contrôles
International
AbonnéLe flou a régné sur les nouvelles restrictions à la mobilité annoncées vendredi dernier par le premier ministre français, mais les Suisses sont assimilés aux ressortissants de l’Union européenne

Sur le papier, tout est clair désormais: seuls les travailleurs frontaliers, les résidents des régions limitrophes de Suisse et de France (dans un rayon de 30 kilomètres, avec certificat de domicile) et les routiers peuvent, depuis dimanche, traverser la frontière franco-suisse sans présenter un test PCR négatif réalisé dans les dernières 72 heures. Les préfectures des régions et départements limitrophes, le consulat de France à Genève, l’ambassade française à Berne… tous ont précisé, ce week-end, les décisions annoncées vendredi 29 janvier en soirée par le premier ministre Jean Castex.
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Ce dernier avait, à l’issue du conseil de défense sanitaire présidé par Emmanuel Macron, confirmé la mise en place de restrictions sévères pour l’entrée en France à partir des pays voisins, dont la Suisse. Ce qui, traduit en langage administratif, donne ceci: «En ce qui concerne l’espace européen (Union européenne, Andorre, Islande, Liechtenstein, Monaco, Norvège, Saint-Marin, Saint-Siège et Suisse), tout déplacement international – depuis l’étranger vers la France et de France vers l’étranger – reste totalement et strictement déconseillé jusqu’à nouvel ordre. Lorsqu’un déplacement pour motif impérieux est malgré tout nécessaire, il convient de respecter les mesures contraignantes mises en place à l’entrée sur le territoire français dans l’objectif de limiter la propagation du virus.»
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Risques d’embouteillages
Le trafic aérien, rappelons-le, était soumis à des mesures identiques depuis le lundi 26 janvier: tout passager débarquant en France d’un avion en provenance d’un pays de l’UE ou de l’espace Schengen doit, depuis lors, montrer le fameux test négatif, et s’engager sur l’honneur à suivre un isolement de sept jours.
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La question posée par ce verrouillage frontalier tient néanmoins en un mot: contrôle. C’est pour cette raison que le gouvernement français avait, la semaine dernière, exempté de l’obligation de tests PCR les passagers des trains et ceux des véhicules entrés par la route. Instaurer des contrôles routiers, par exemple, est une garantie d’embouteillages, vu le temps requis pour vérifier un test PCR et l’identité des personnes dans les voitures.
Autre casse-tête: les vérifications à bord des trains, contre lesquelles le personnel de la SNCF s’est à plusieurs reprises mobilisé. «La seule façon crédible de contrôler serait de le faire à l’embarquement, jugeait, dimanche, un contrôleur du réseau Lyria, le TGV franco-suisse. Mais cela supposerait de le faire dans les gares suisses. Or toutes ne sont pas équipées. A Genève, où un poste de contrôle douanier français existe, c’est possible. Mais quid des autres villes desservies par nos trains?»
«On arrête le TGV?»
L’idée de patrouilles mobiles dans les trains est également problématique: «Que faire lorsqu’un passager n’a pas son test, à part le fait de lui infliger une amende? On arrête le TGV?» poursuit notre interlocuteur. Sans parler de la possibilité de contourner ces obligations en passant la frontière dans une voiture immatriculée en France voisine (ou avec le CEVA depuis Genève), pour monter dans le train dans l’Hexagone.
La réponse à ces questions consistera probablement, côté ferroviaire, en une réduction du nombre de liaisons entre la France et ses voisins, avec mise en place de contrôles aléatoires. Les passagers ferroviaires et les automobilistes devront aussi remplir des fiches signalant leur lieu d’arrivée en France et leurs coordonnées, puisqu’ils sont supposés s’isoler. Sauf que ces fiches ne sont pas prêtes. Et que l’auto-quarantaine, jusque-là, n’est presque jamais vérifiée par les autorités sanitaires françaises.