France
Le premier Conseil des ministres du quinquennat d’Emmanuel Macron s’est tenu ce jeudi. Sur la photo de famille, quatre hommes occupent le premier rang aux côtés du président français et du chef de gouvernement: François Bayrou, Gérard Collomb, Jean-Yves Le Drian et Nicolas Hulot

Il a décidé de se distinguer dès le premier jour. C’est sans cravate, chemise blanche au col ouvert, que l’ancien animateur de télévision Nicolas Hulot s’est présenté ce jeudi au palais de l’Elysée pour participer au premier Conseil des ministres du quinquennat Macron.
Une heure plus tard, la différence est encore plus saillante sur la photo de famille, réalisée au pied de l’escalier intérieur du palais présidentiel français. Le nouveau ministre de la Transition écologique et solidaire donne presque l’impression de plastronner aux côtés du premier ministre Edouard Philippe et de sa collègue chargée de la Défense Sylvie Goulard. L’entrée de l’ancien présentateur d’Ushuaïa dans l’équipe gouvernementale est remarquée.
Discipline et solidarité
Deux leçons peuvent être retenues, après cette première réunion de cadrage filmée pendant une trentaine de secondes par les caméras. La première est la discipline et la solidarité gouvernementale «totale» exigée par le nouveau président élu le 7 mai. C’est sur ce point qu’a insisté le porte-parole du gouvernement Christophe Castaner, lors d’une conférence de presse tenue après.
Lire aussi: En France, un gouvernement en forme de pari
Non seulement les ministres devront se montrer «solidaires» des choix présidentiels, mais ils devront soutenir les candidats de la majorité lors des législatives des 11 et 18 juin. Le message le plus clair est envoyé aux deux principaux ministres issus de la droite: Bruno Le Maire (Economie) et Gérald Darmanin (Action et comptes publics).
Aux côtés du chef du gouvernement qui fut longtemps un des principaux conseillers d’Alain Juppé, leur tâche sera de convaincre les électeurs conservateurs de faire confiance à Emmanuel Macron, ancien conseiller présidentiel puis ministre de François Hollande.
Ironie du calendrier et pied de nez politique sans doute préparé: le maire de Bordeaux, qui refusa de se présenter à la présidentielle à la place de François Fillon, était au même moment à Pessac, en Gironde, pour soutenir les candidats de son parti Les Républicains aux côtés de François Baroin, désigné chef de file provisoire par la droite. Il ne semble donc pas y avoir d’axe Alain Juppé-Edouard Philippe, comme beaucoup le supposent depuis la nomination du maire du Havre (tous les membres du gouvernement devront rapidement abandonner leurs mandats locaux) à Matignon ce lundi.
Politiciens de la «vieille école»
La seconde leçon de ce premier Conseil des ministres est le poids des trois «éléphants» de la Macronie qui occupaient ce matin le premier rang sur la photo. Le maire de Lyon Gérard Collomb (69 ans), numéro deux de l’équipe ministérielle, chargé de l’Intérieur. Le président du Conseil régional de Bretagne Jean-Yves Le Drian (69 ans), ministre sortant de la Défense désormais chargé de la diplomatie. Et le maire de Pau et président du MoDem François Bayrou (66 ans), chargé de la Justice avec pour principal chantier la moralisation de la vie publique.
Lire aussi: Agnès Verdier-Molinié: «Macron ira sans doute plus loin que ce qu’il annonce»
Comment ces trois politiciens «vieille école», blanchis sous le harnais des partis et présents dans la vie politique hexagonale depuis plusieurs décennies, vont-ils épouser l’agenda du renouvellement imposé par Emmanuel Macron? Comment vont-ils, surtout, être appréciés de l’opinion qui, selon un premier sondage du Figaro, n’accorde que 36% d’opinions positives au premier ministre et 45% au chef de l’Etat dont l’état de grâce ne semble pas être au rendez-vous?
Le poids de ces «éléphants», explique l’entourage d’Emmanuel Macron, doit être de rassurer et de témoigner de la continuité de l’Etat qui est au cœur du projet présidentiel. La question est toutefois de savoir si ces trois «maréchaux» nommés par «Bonaparte-Macron» pourront travailler ensemble.
Gérard Collomb est décrié au Sénat, où il siégeait jusque-là, pour ne se préoccuper que des dossiers lyonnais. François Bayrou, qui s’est lancé la semaine dernière dans une surenchère publique au sujet des investitures pour les législatives, est réputé pour son ego surdimensionné. Jean Yves-Le Drian, surnommé «le ministre de la Bretagne» tant il garde des liens avec sa région, est avant tout perçu dans l’opinion comme l’homme des dossiers militaires.
Le président français, qui entame dès le 25 mai son entrée en scène mondiale avec le sommet de l’OTAN à Bruxelles, puis le sommet du G7 en Sicile les 26 et 27 mai, a placé autour de son premier ministre des personnalités auxquelles il doit tout, ou en tout cas beaucoup. Une relation personnelle forte, qui pourrait bien s’avérer compliquée à gérer dans les semaines à venir.