Qui, pour prétendre encore que l’Union européenne est une menace ? Qui, pour défendre encore l’idée que Vladimir Poutine n’est pas un dictateur, impitoyable pour sa population comme pour ses voisins, lorsque ceux-ci n’obtempèrent pas aux ordres du Kremlin? Depuis que les bombes russes ont commencé à tomber sur l’Ukraine, la réponse à ces deux questions est un silence éloquent, sauf dans les rangs habituels de l’extrême droite. Au point que dès l’ouverture, jeudi soir, du sommet extraordinaire des chefs d’Etat ou de gouvernement des Vingt-Sept au château de Versailles (où Vladimir Poutine avait été reçu en visite officielle en mai 2017), les diplomates français se félicitaient de l’unanimité qui prévaut actuellement au sein de l’Union: «Même Viktor Orban est politiquement désarmé. Bien sûr, personne ne se fait d’illusion sur ce qu’il dit dans son pays, à quelques jours des législatives du 3 avril. Mais autour de la table des discussions, l’hypothèse qu’il puisse opposer son veto aux sanctions, ou aux propositions pour organiser l’accueil des réfugiés Ukrainiens, n’est plus prise en compte. La Hongrie de mars 2022 est rentrée dans le rang. Merci Poutine!»

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Trois dirigeants européens étaient auparavant dans le collimateur de la présidence tournante française de l’UE, qui s’achèvera le 30 juin: les premiers ministres slovène (Janez Jansa), Polonais (Mateusz Morawiecki) et Hongrois (Viktor Orban). Depuis la décision de la Cour de justice de l’UE de valider, à la mi-février, la conditionnalité entre le versement des aides européennes et le respect de l’Etat de droit, la rébellion de ces trois chefs de gouvernement de droite nationalistes et ouvertement anti-Bruxelles s’annonçait comme un caillou dans la chaussure d’Emmanuel Macron, chantre de la «souveraineté européenne», et candidat à sa réélection.