La guerre en Ukraine expliquée en huit cartes
Europe de l’Est
Le 24 février au matin, les forces armées russes lançaient leur invasion de l’Ukraine par des frappes aériennes d’ampleur sur tout le pays, avant de partir à l’assaut de Kiev. Retour sur l’évolution de la situation au fil des cartes illustrant les articles du «Temps»

Après plusieurs semaines de tensions, qui trouvent leur paroxysme avec la reconnaissance officielle par Moscou de l’indépendance des Républiques populaires de Donetsk et Lougansk, les troupes russes lancent l’attaque contre l’Ukraine le jeudi 24 février au matin, confirmant ainsi les avertissements émis par les Etats-Unis au cours des jours précédents.
L’opération, revendiquée par la Russie comme visant à protéger les séparatistes du Donbass, débute par des frappes aériennes de grande ampleur contre des cibles militaires ukrainiennes dans tout le pays, bientôt suivies par des assauts terrestres.
Les troupes russes s’emparent notamment de la centrale nucléaire désaffectée de Chernobyl, où une radioactivité anormale est détectée le vendredi 25 février. Plus largement, les risques engendrés par le conflit sur l’ensemble des sites nucléaires ukrainiens inquiètent les spécialistes.
Rapidement, les combats atteignent Kiev, que la Russie espère capturer sans coup férir, notamment à travers une offensive aéroportée sur l’aéroport de Gostomel, au nord-ouest de la capitale ukrainienne. Mais rapidement, la progression russe ralentit, et malgré les assauts, les forces ukrainiennes parviennent à tenir Kiev, plongée dans un couvre-feu total. Les bombardements finiront par reprendre le 28 février au soir.
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Si l’armée russe est parvenue à établir une tête de pont en Ukraine, sa progression dans le reste du pays ne semble guère probante. Elle avance relativement rapidement sur le front sud, à partir de la Crimée capturée en 2014, mais ne parvient pas à prendre Kharkiv, deuxième ville du pays, qui paie toutefois un lourd tribut aux bombardements.
L’entrée dans le conflit de la Biélorussie, dont le président Loukachenko est le plus proche allié de Vladimir Poutine, ne provoque pas d’inflexion marquante. Le lundi 28 est marqué par des premiers pourparlers entre les belligérants à Gomel, au sud-est de la Biélorussie, qui ne débouchent sur aucune avancée.
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La réaction internationale ne se fait pas attendre: si la Chine et l’Inde, notamment, ne condamnent pas l’invasion russe, la plupart des pays occidentaux, les Etats-Unis et l’Union européenne en tête, imposent des sanctions drastiques contre Moscou, allant jusqu’à exclure certaines banques russes de Swift, le système de paiements interbancaires mondial.
Les conséquences sont rapides à l’ouverture des bourses lundi, alors que le rouble s’effondre et que la panique s’empare de l’économie russe. La Suisse, d’abord critiquée pour n’avoir pas pris de sanctions d’ampleur contre la Russie, finit par aligner ses mesures sur celles de l’Union européenne lundi.
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L’invasion russe de l’Ukraine, motivée, selon Moscou, par le rapprochement du pays avec l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN), remet en lumière l’alliance transatlantique, alors que Vladimir Poutine hausse le ton et relance la menace nucléaire. Même l’Allemagne, longtemps réfractaire à une augmentation de ses dépenses militaires, fait volte-face et décide d’envoyer des armes létales en Ukraine.
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La décision de Moscou d’envahir son voisin scelle sans doute également le destin européen de Kiev, pour qui l’adhésion à l’Union est une revendication de longue date. Plus largement, la réaction des Vingt-Sept face au conflit témoigne aussi d’une unité nouvelle sur les questions militaires.
L’unité de l’Union européenne et de l’OTAN pourrait bien rencontrer d’autres défis que l’invasion de l’Ukraine. Car aux frontières de la Russie, d’autres points chauds sont autant de casus belli potentiels pour Moscou: les républiques séparatistes d’Abkhazie et d’Ossétie du Sud, qui avaient été les motifs de l’invasion éclair de la Géorgie en 2008, et de Transnistrie, en Moldavie, à la frontière avec l'Ukraine.
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