Dire les choses sans les dire a toujours été un enjeu vital pour la majorité des Russes au fil des changements de régimes et des restrictions de liberté de parole. Mais l’usage d’euphémismes et d’autres tournures langagières n’est pas le propre des dissidents: le Kremlin et les médias y recourent quotidiennement. Pour comprendre ce processus du point de vue russe, Le Temps a interviewé Vladimir Slavkine, titulaire de la chaire de linguistique auprès de la faculté de journalisme de l’Université Lomonossov à Moscou, et auteur d’un livre, La Manipulation linguistique dans les médias de masse. Lorsqu’on lui demande si le terme «opération militaire spéciale» est un euphémisme, il acquiesce… Une liberté de ton inédite en Russie.