L’essentiel: La vingt-sixième conférence des Etats parties à la Convention des Nations-unies sur le changement climatique (COP26) s’est ouverte dimanche à Glasgow. C’est «le dernier espoir» de limiter la hausse de la température planétaire à 1,5 degré», a mis en garde le Britannique Alok Sharma, président de la COP26. Les émissions de gaz à effet de serre continuent d’augmenter et il faudrait des mesures drastiques pour inverser la tendance.

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En prélude de la COP26, les dirigeants du G20 étaient réunis ce week-end à Rome mais sans les présidents chinois et russe Xi Jinping et Vladimir Poutine. Sur le climat, les engagements des pays les plus industrialisés, qui représentent 80% des émissions globales de gaz à effet de serre, ont déçu. De mauvais augure pour la COP26, où les dirigeants du G20 sont attendus ce lundi, parmi une centaine d’autres chefs d’Etat.

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■  La Suisse réitère ses engagements et annonce de nouveaux financements

Le président de la Confédération Guy Parmelin a demandé à tous les Etats des objectifs ambitieux d'ici 2030 pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C en 2100. Lundi à Glasgow, il a annoncé des financements additionnels de la Suisse.

«Nos enfants et nos concitoyens nous regardent et ils attendent de nous un engagement concret», a affirmé le président de la Confédération au sommet de plus de 130 dirigeants au deuxième jour de la COP26. Un enfant actuel en Suisse verra quatre fois plus de situations extrêmes que ses grands-parents et cinq fois plus de vagues de chaleur, a-t-il dit. Sans mentionner la Chine qui vise 2060, il affirme que tous les grands émetteurs notamment devraient atteindre la neutralité carbone «au plus tard» en 2050, comme Berne l'a prévu.

«La Suisse doit et veut, elle aussi, faire sa part», a-t-il déclaré. Berne veut avoir atteint une réduction de moitié de ses émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030 mais cet objectif sera difficile à atteindre après le rejet par le peuple en juin dernier de la loi sur le CO2.

La Suisse va donner 10 millions de francs supplémentaires au Fonds d'adaptation pour le climat et environ 7,3 millions de francs à la Coalition pour le climat et l'air pur, a encore affirmé M. Parmelin.


■ Dans la catastrophe climatique, le président Biden voit une «incroyable opportunité»

Dans son discours, le président américain Joe Biden a insisté sur l'opportunité économique «incroyable» de la transition énergétique. «Des millions d'emplois peuvent être créés à travers le monde (...) et la hausse des prix de l'énergie montre l'urgence d'une diversification», a-t-il déclaré. 

Joe Biden a rappelé que les Etats-Unis avaient rejoint dès le premier jour de son mandat l'Accord de Paris, dont s'était retiré Donald Trump. «Nous ne sommes pas seulement de retour à la table des négociations mais nous voulons mener le combat pour le climat en montrant l'exemple», a continué le président américain. Le président a rappelé son ambition de réduire les émissions américaines de moitié d'ici 2030 et d'atteindre la neutralité carbone d'ici 2050. Mais le plan de Joe Biden est en danger devant le Congrès.

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Le président a aussi promis de quadrupler son aide au pays vulnérables au réchauffement climatique. Depuis la révolution industrielle, les Etats-Unis ont émis presque deux fois plus de CO2 que la Chine. L'objectif de 100 milliards de dollars d'aide des pays les plus industrialisés chaque année était déjà affiché à la COP21 de Paris, il y a six ans.


■ Le discours de Xi Jinping sur Internet

Grand absent de la COP26, la Chine est actuellement le premier émetteur de gaz à effet de serre, le président Xi Jinping postera son discours sur le site Internet de la conférence, selon le programme communiqué par les Nations-Unis. Selon l'Associated Press, il était question que le dirigeant chinois s'exprime par vidéo-conférence. Cela ne sera pas le cas.


■ Pendant ce temps, à Edimbourg...

Le journaliste vedette de la chaîne américaine Wolf Blitzer est arrivé en Ecosse pour couvrir la COP26... depuis Edimbourg. La faute aux prix exorbitants des hébergements à Glasgow? A 80 kilomètres de la COP26, la ville d'Edimbourg, célèbre pour son château, peut se frotter les mains. Le journaliste n'avait pas tari d'éloges sur Genève lors du sommet entre Joe Biden et Vladimir Poutine en juin dernier.


■ «Nous pouvons le faire», proclame Boris Johnson

Hôte de la COP26, le Premier ministre britannique Boris Johnson a été le premier chef d'Etat à prendre la parole lundi devant une centaine d'autres dirigeants. Il a rappelé les énormes enjeux de la conférence et convoqué James Bond pour dire qu'une «machine destructrice» était en marche et qu'il ne s'agissait pas d'un film. Cette énorme machine a justement été enclenchée à Glasgow, a-t-il reconnu, là où a été inventée il y a 250 ans le premier engin à vapeur fonctionnant au charbon.

Boris Johnson a rappelé qu'une élévation de deux degrés menacerait l'approvisionnement alimentaire. Avec trois degrés, les incendies et les cyclones seraient multipliés. Quatre degrés et «nous dirions adieu à des villes entières», a averti le Premier ministre. Malgré tout, l'hôte de la conférence s'est voulu optimiste. «Nous pouvons le faire», a-t-il lancé, à propos de la transition énergétique ou de la fin de la déforestation.


■ «Nous courons à la catastrophe climatique», rétorque Antonio Guterres

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, qui s'était déjà montré très critique sur le manque de leadership du G20 ce week-end, a estimé que le monde courait à la catastrophe alors que s'ouvre la COP26.

Les derniers engagements des Etats en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre mènent toujours «vers une augmentation calamiteuse de 2,7 degrés», «2 degrés au mieux». «Il faut absolument diminuer les émissions de 45% d'ici 2030 (...). Pour les îles et les autres pays vulnérables, c'est une question de vie ou de mort», a assené le Portugais.


■ La liste des absents à la COP26 s’allonge

Le président turc Recep Tayyip Erdogan était initialement attendu lundi à Glasgow (Royaume-Uni) pour la conférence climat de l’ONU (COP26). Mais il est rentré en Turquie dans la nuit de dimanche à lundi, a rapporté l’agence de presse étatique Anadolu. L’agence ne précise pas si le président turc prévoit toujours de se rendre en Ecosse, où la COP26 se tient jusqu’au 12 novembre.

La Turquie est le dernier pays du G20 à avoir ratifié l’Accord de Paris sur le climat. Interrogée sur ce changement de programme, la présidence turque n’avait pas répondu lundi matin aux sollicitations de l’AFP. Si ce revirement se confirme, cela serait un autre absent de marque à Glasgow. Les présidents chinois Xi Jinping (la Chine est aujourd’hui le premier émetteur de gaz à effet de serre) et son homologue russe Vladimir Poutine bouderont la COP26.


■ Les chefs d’Etat qui seront là

On attend ce lundi les discours du Premier ministre Boris Johnson, hôte de la réunion, du président américain Joe Biden, du Français Emmanuel Macron, de la chancelière allemande Angela Merkel, du Premier ministre indien Narendra Modi ou de son homologue australien Scott Morrison, dont le pays est le premier producteur de charbon. La Suisse sera représentée à la tribune par le président de la Confédération Guy Parmelin, qui s’exprimera probablement en fin d’après-midi.


■ Avant leur arrivée à Glasgow, les Etats-Unis fustigent la Chine

Un haut responsable américain a fustigé lundi l’échec «déconcertant» de la Chine à «intensifier» son action contre la crise climatique dans une perspective mondiale. Le conseiller à la sécurité nationale du président américain Joe Biden, Jake Sullivan, a estimé que le sommet pour le climat de la COP26.

«Maintenant la question est: est-ce que tout le monde sera aligné?», a poursuivi M. Sullivan à bord de l’avion présidentiel Air force One, peu avant son atterrissage en Ecosse. «Il y a des pays qui se dérobent», a-t-il déclaré à des journalistes, «l’un d’eux est la Chine, qui ne sera pas représentée par un dirigeant à la COP26 et qui, selon nous, a l’obligation d’intensifier son action à mesure que nous avançons collectivement».


■ G20: le détail des mesures annoncées et un lancé de pièces dans la fontaine de Trevi

Au lendemain de la conclusion du sommet du G20 à Rome, une photo continue de faire beaucoup parler d’elle. Elle montre les dirigeants des pays les plus industrialisés jetant une pièce dans la fontaine de Trevi, en signe de chance. Le cliché a été beaucoup commenté par les défenseurs du climat, comme la candidate à l’investiture pour les Verts français Sandrine Rousseau, assurant que le G20 s’en remettait à la chance, plutôt que de prendre des mesures ambitieuses.

En réalité, les chefs d’Etat n’ont fait aucune allusion au climat lors de leur sortie à la fontaine de Trevi. Restent que les mesures annoncées à Rome ont été considérées comme décevantes, pas seulement par les ONG mais aussi par des responsables onusiens, comme le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres ou la directrice du Fonds monétaire international Kristalina Georgieva.

Voici les maigres engagements pris par le G20, dont on retrouve le communiqué complet ici:

  • Réaffirmation de la nécessité de limiter le réchauffement à 1,5 degré, conformément à l’accord de Paris, mais sans beaucoup de mesures concrètes pour y parvenir;
  • Les pays du G20 se sont engagés à cesser de financer des projets de centrales à charbon à l’étranger d’ici la fin de l’année 2021. Mais aucun engagement n’a été pris sur un abandon de cette énergie particulièrement polluante au sein des pays du G20;
  • Le G20 a promis de verser 100 milliards de dollars par années aux pays les plus vulnérables au réchauffement climatique. Mais cette promesse ne devrait pas se concrétiser avant 2023.