Heurts et incendies en France, après la forte mobilisation contre la réforme des retraites
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Après une journée de manifestation ayant mobilisé des centaines de milliers de personnes à travers la France, des affrontements avec les forces de l’ordre et déprédations ont eu lieu dans la soirée de jeudi

De nombreuses violences et des heurts avec les forces de l’ordre ont émaillé la manifestation contre la réforme des retraites jeudi à Paris, avant de se transformer en cortèges «sauvages» pendant une grande partie de la soirée, ont constaté des journalistes de l’AFP.
Selon un dernier bilan communiqué à 22h15, 103 personnes ont été interpellées, notamment pour port d’armes prohibé et participation à un groupement en vue de commettre des dégradations et violences, a indiqué la préfecture de police. Après l’arrivée du cortège vers 18h place de l’Opéra, des petits groupes de manifestants ont cheminé pendant plusieurs heures dans les rues de la capitale, en incendiant des dizaines de poubelles et détritus sur leur chemin.
Des violences «inacceptables»
A 22h, 140 feux avaient été recensés dans la capitale, dont «une quarantaine» en train d’être éteints, a déclaré le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, qui s’exprimait depuis la préfecture de police. Vers 23h, un retour au calme progressif s’amorçait à Paris, même si des grappes de plusieurs centaines de manifestants étaient toujours présentes entre République et Bastille, selon des journalistes de l’AFP.
Manifester et faire entendre des désaccords est un droit.
— Élisabeth BORNE (@Elisabeth_Borne) 23 mars 2023
Les violences et dégradations auxquelles nous avons assisté aujourd’hui sont inacceptables.
Toute ma reconnaissance aux forces de l’ordre et de secours mobilisées.
Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a indiqué dans la soirée que 149 gendarmes et policiers avaient été blessés. Il a dénoncé la violence de «casseurs» issus de «l’extrême gauche». «1500 casseurs» étaient présents à Paris pour «casser du flic et des bâtiments publics», a-t-il affirmé. A ce stade, il y a 172 interpellations en France, dont 77 à Paris. Beaucoup d’interpellés sont «jeunes», «beaucoup sont connus» comme appartenant à «l’ultra-gauche». La Première ministre Elisabeth Borne a jugé «inacceptables» les «violences et dégradations» dans les manifestations.
Tout au long du défilé, parti de la place de la Bastille, ces personnes, situées en tête de cortège, vêtues de noir et équipées de masques et lunettes, ont dégradé plusieurs supérettes, fast-food et banques. Ils ont lancé de nombreux pavés, bouteilles et au moins un projectile incendiaire sur les forces de l’ordre, qui ont fait usage à de nombreuses reprises de gaz lacrymogène et ont mené des charges dans le but de «disloquer le bloc».
Plusieurs poubelles et trottinettes ont également été incendiées. Un «engin incendiaire» a été lancé dans une banque boulevard de Bonne-Nouvelle et une personne a été interpellée pour le pillage d’une joaillerie, a précisé la préfecture de police. Les incidents sont restés localisés «dans le précortège», a précisé la préfecture de police, ajoutant que le reste du cortège avait pu cheminer «normalement», excepté en fin de défilé, où il a été bloqué quelque temps avant d’arriver place de l’Opéra où de nombreux incidents avaient lieu.
Heurts dans plusieurs villes
A Nantes et Rennes aussi, des heurts ont opposé des manifestants aux forces de l’ordre, qui ont fait usage de gaz lacrymogènes et de canon à eau. A Lorient, le commissariat a été pris pour cible. Des tensions plus ou moins fortes ont également été observées dans d’autres villes comme Toulouse, Bordeaux ou Lille.
Les dégradations ayant eu lieu «sont très importantes, beaucoup plus que les journées précédentes», a affirmé Gérald Darmanin, dénonçant notamment les dégradations de «bâtiments publics» à Bordeaux où le porche de la mairie a été brièvement incendié, ou à Lorient où un commissariat a été pris pour cible.
Lors de cette 9e journée de mobilisation intersyndicale contre la réforme des retraites, la participation a battu un record à Paris, avec 119 000 manifestants, selon le ministère de l’Intérieur. La CGT a dénombré 800 000 manifestants dans la capitale, le cabinet Occurrence - qui a réalisé un comptage pour un collectif de médias dont l’AFP – «au moins 83 000».
Au total, 3,5 millions de personnes ont manifesté dans plus de 300 villes de France, selon la CGT, et 1,08 million selon le ministère de l’Intérieur. Alors que selon une source proche du gouvernement, l’exécutif espérait que la contestation s’étiolerait et que tout rentrerait dans l’ordre «ce week-end», les syndicats ont d’ores et déjà appelé à une dixième journée d’action mardi.
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