Le début de l’année a été marqué en Allemagne par une série d’incidents violents impliquant des réfugiés. A Bottrop près d’Essen, un chômeur de longue durée de 50 ans a tenté à quatre reprises de renverser des piétons d’allure étrangère, au volant de son véhicule, dans la nuit de la Saint-Sylvestre, blessant neuf personnes dont deux grièvement.

Au total, le forcené a ainsi visé une vingtaine de piétons. Seule l’agilité d’un certain nombre de victimes potentielles a permis d’éviter le drame. Lors de son arrestation, Andreas N. a tenu des propos racistes, assurant avoir agi car il ne supportait pas l’idée que les réfugiés touchent les mêmes indemnités sociales que les Allemands.

«Patrouilles» d’extrême droite

Un autre fait divers fait également polémique, cette fois en Bavière. Quatre réfugiés afghans et iraniens, presque tous déboutés du droit d’asile mais non expulsables, ont attaqué sans motif apparent et en état d’ébriété la veille de la Saint-Sylvestre 12 personnes dans la petite ville d’Amberg (45 000 habitants), blessant grièvement un jeune homme à la tête. Les quatre hommes dont deux mineurs sont en détention provisoire.

Jeudi matin, le maire de la commune assurait que des «patrouilles» d’extrême droite avaient depuis été vues dans sa ville à proximité du lieu des attaques et d’un foyer de réfugiés, équipées de gilets rouges à l’effigie du petit parti d’extrême droite NPD. «Quand on demande aux gens de créer des zones sûres à Amberg, on le fait vraiment», explique la cellule du parti à Nuremberg sur sa page Facebook au-dessus de photos censées représenter l’une de ces patrouilles.

Classe politique et presse divisées

La classe politique et la presse se déchirent depuis pour qualifier tous ces dérapages violents. «Lorsque des réfugiés deviennent criminels, ça prend aussitôt en Allemagne un tour politique, résume le quotidien Süddeutsche Zeitung au sujet de la polémique qui fait rage depuis trois jours. Mais l’acte raciste de Bottrop, lui, est dépolitisé. C’est une dangereuse erreur», estime un commentateur du journal pour qui la classe politique aurait tendance à «bagatelliser les crimes de l’extrême droite».

Le ministre de l’Intérieur, Horst Seehofer, du parti conservateur chrétien-social bavarois, a aussitôt condamné les agresseurs d’Essen et de Bottrop. Mais s’il a dans le premier cas demandé une nouvelle loi pour faciliter l’expulsion de tout réfugié violent, il s’est gardé de demander un renforcement des textes pour les criminels d’extrême droite et a qualifié la course-poursuite de Bottrop d’«acte isolé commis par un déséquilibré».

Relativisation des faits

Même relativisation des faits à Amberg. Un porte-parole de la municipalité, contredisant le maire, assurait jeudi qu’il n’y avait pas de «patrouilles d’extrême droite» dans sa ville. Les hommes en gilets rouges aperçus dans les rues ne seraient pas d’Amberg. La polémique rappelle celle autour des chasses à l’homme de Chemnitz en août, qui avaient fini par coûter son poste au chef des services de renseignement. Hans-Georg Maassen avait relativisé les scènes de poursuite d’étrangers par des individus d’extrême droite dans les rues de la ville à la suite de l’assassinat d’un Allemand par un réfugié.

Selon des chiffres officiels, les crimes de l’extrême droite auraient fait 76 victimes depuis la réunification en octobre 1990. Les associations de lutte contre le racisme parlent, elles, de 150 victimes. Quantité d’agressions ne seraient pas qualifiées – à tort – de politiques parce que leurs auteurs ne sont pas répertoriés comme faisant partie de l’extrême droite. Andreas N., l’agresseur de Bottrop, n’était pas connu de la police. Les enquêteurs n’ont retrouvé chez lui aucun matériel de propagande néonazie. Mais depuis son arrestation, il multiplie les propos racistes pour expliquer son acte.