Il a posé cinq conditions précises au M5S, une formation née de la dénonciation du vieux système politique et de la corruption mais parcourue par de multiples courants dont l'un fortement eurosceptique: «appartenance loyale à l'Europe, pleine reconnaissance de la démocratie représentative et de la centralité du parlement, développement basé sur le respect de l'environnement, changement de cap dans la gestion des flux migratoires avec un rôle prééminent de l'Europe, virage dans la politique économique et sociale vers davantage de redistribution et d'investissements».
Le M5S réserve sa réponse
Le M5S n'a pas répondu à l'offre du PD, disant vouloir «attendre la fin des consultations» du président qui ont été lancées dans l'après-midi. Mais il a rappelé, dans un communiqué, qu'il est «le premier parti au parlement, avec sa propre majorité relative». En effet, et même si les rapports de forces se sont inversés depuis, le M5S avait recueilli, aux législatives du printemps 2018, 32% des suffrages contre seulement 17% pour la Ligue de Matteo Salvini. Aujourd'hui, les sondages les créditent respectivement de 16/17% et 36/38%.
Sûr de sa bonne étoile et de la «protection du coeur immaculé de Marie», M. Salvini a maintenu sa ligne: il réclamera au président «la voie royale» du retour aux urnes. Il s'est moqué mercredi de ses anciens «amis» Cinq Etoiles: «demandez-leur ce qu'ils pensent des cinq points de Zingaretti, ils ont un sacré estomac, en une semaine ils sont passés de la Ligue à Renzi». L'idée d'une telle alliance avait été lancée par l'ancien premier ministre PD Matteo Renzi, ennemi juré de la Ligue, mais aussi du M5S, après la rupture, le 8 août, par le chef de la Ligue de l'union contractée 14 mois plus tôt avec les Cinq Etoiles.
Consultations sur deux jours
Après une discussion avec son expérimenté prédécesseur Giorgio Napolitano (président de 2006 à 2015), Sergio Mattarella a reçu mercredi les présidents du Sénat et de la Chambre des députés et tous les petits groupes parlementaires. Aucun élément n'a filtré sur leurs discussions. Il verra les principaux grands partis jeudi.
M. Mattarella «ne perdra pas de temps et surtout ne permettra pas qu'on lui en fasse perdre», estime mercredi dans La Stampa, Ugo Magri, journaliste spécialisé dans l'analyse du rôle d'arbitrage du président. Pour dénouer la crise, le président Mattarella dispose d'un éventail d'options, y compris un scrutin dès l'automne. Mais il est notoirement réticent à cette idée car les élections tomberaient pile au moment où la troisième économie de la zone euro, en panne et très endettée, devra présenter à la Commission européenne son projet de budget pour 2020.
Quel dirigeant ?
L'une des inconnues sera la personnalité qui mènera la nouvelle majorité. Le M5S pousse à une reconduction de Giuseppe Conte, que son chef Luigi di Maio a qualifié mardi de «serviteur de la Nation dont l'Italie ne peut pas se passer».
Toutefois le patron du PD est réticent à un «Conte bis», entaché à ses yeux des concessions du premier ministre sortant au durcissement sécuritaire envers les migrants impulsé par M. Salvini.
M. Mattarella examinera aussi l'hypothèse proposée par l'ancien premier ministre et ex-président de la Commission européenne, Romano Prodi: une grande coalition pro-européenne, gauche-droite à l'allemande. Faute d'accord, il ne lui resterait que deux possibilités: un gouvernement de techniciens pour adopter le budget et préparer des élections au printemps 2020, ou un «gouvernement du président» avec pour unique mandat d'organiser un scrutin anticipé fin octobre.