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A l’Elysée, l’été compliqué du couple Macron

Alors que la popularité du président français dégringole dans les sondages, le statut de première dame de son épouse est en panne. A la veille des vacances, les paparazzi guettent

A quoi ressembleront les premières vacances estivales du président Emmanuel Macron et de son épouse Brigitte? Pour l’heure, seules les dates envisagées sont connues. — © Michel Euler / AP Photo
A quoi ressembleront les premières vacances estivales du président Emmanuel Macron et de son épouse Brigitte? Pour l’heure, seules les dates envisagées sont connues. — © Michel Euler / AP Photo

Où partiront-ils? A quoi ressembleront les premières vacances estivales du président Emmanuel Macron et de son épouse Brigitte? Pour l’heure, seules les dates envisagées sont connues. Le couple devrait s’absenter du 10 au 24 août, comme les membres du gouvernement. Loin? Avec un grand moment culturel au programme, comme pour Angela Merkel et son mari Joachim Sauer qui ont, de nouveau à la fin juillet, assisté à l’ouverture du festival de Bayreuth?

La question, en France, se double d’une interrogation sur le cas de Brigitte Macron, à qui son époux a promis, durant la campagne, un statut de première dame. «A la moindre photo volée de paparazzi, tout peut partir en vrille, reconnaît une source élyséenne. On voit bien que sur les médias sociaux, Brigitte est la cible d’attaques injustes et de calomnies. Il ne faut pas rater cette séquence.»

Polémique naissante

L’enjeu conjugal et estival est devenu plus sensible le 26 juillet. Ce jour-là, Emmanuel Macron assiste près de Rouen à la messe d’hommage au père Jacques Hamel, le prêtre assassiné un an plus tôt dans son église de Saint-Etienne-du-Rouvray par deux jeunes islamistes extrémistes. L’heure est solennelle. Le président de la République doit incarner la douleur et le pardon de la nation. Problème: son hôte de l’après-midi, invitée au Palais de l’Elysée, n’est guère dans cette tonalité spirituelle. La chanteuse Rihanna, habituée aux déshabillés osés, est même détestée par les conservateurs catholiques.

Comment faire, alors, pour concilier les deux rendez-vous? L’opération «Brigitte» est lancée. C’est à madame Macron que revient la mission d’accueillir la star sur le perron du palais présidentiel. Une opération de communication qui vaudra à l’ancienne professeure du lycée d’Amiens un tombereau de commentaires et de critiques acerbes sur Internet.

Emmanuel Macron est arrivé à l’Elysée en couple avec un grand C

René Dosière, ancien député

L’affaire s’est pimentée ces derniers jours, alors que l’Elysée faisait savoir que le couple s’installerait probablement deux semaines à La Lanterne, la résidence privée attenante aux jardins du château de Versailles. Côté sondages, la popularité d’Emmanuel Macron a plongé. Alors que le président avait entamé son quinquennat avec 66% d’opinions favorables, celles-ci plafonnent désormais à 40%; 55% des personnes interrogées déclarent déjà ne plus lui faire confiance. Une chute expliquée par les annonces de coupes budgétaires, par le bras de fer avec l’armée et par la décision de baisser de cinq euros par mois les allocations de logement. Avec, en arrière-plan, une polémique naissante sur le train de vie du couple élyséen.

«François Hollande avait coupé court au sujet en écartant Valérie Trierweiler et en refusant d’officialiser sa liaison avec Julie Gayet, nous expliquait récemment l’ancien député René Dosière, spécialiste des dépenses présidentielles. Emmanuel Macron est au contraire arrivé à l’Elysée en couple avec un grand C. Dès que l’occasion se présentera, les questions vont redoubler.»

Un statut de première dame

Le président avait anticipé. Un statut de «première dame» a, dès le 7 mai, été envisagé. Le directeur de cabinet de Brigitte Macron, Pierre-Olivier Costa, a dû lister l’ensemble des missions confiées aux trois membres de son cabinet, et fournir des chiffres sur le budget de cette unité très spéciale qui coûte à la République environ 20 000 euros par mois en salaires. Mais le diable s’est vite niché dans les détails. Un projet de loi? Une charte? L’affaire est en suspens. Les questions posées à l’Elysée reviennent sans réponses. «La transparence en la matière est souhaitable mais redoutable. Les Français ont toujours en tête le syndrome Marie-Antoinette. Ils adorent détester leurs reines», rigole Philippe Pascot, dénonciateur des dépenses inconsidérées des élus dans son livre «Pilleurs d’Etat» (Ed. Max Milo).

Brigitte Macron, elle, n’en a cure. Avoir été envoyée pour accueillir Rihanna devant les caméras – une première élyséenne – l’a plutôt amusée. «A-t-elle commis une faute? Non. Elle a assuré. Je ne crois pas que cette histoire de statut la perturbe. Elle craint plutôt l’embuscade, la mauvaise formule, le mot de travers. Je parie sur des vacances très maîtrisées», estime un journaliste qui la connaît bien. Avec, en arrière-plan et hors cadre officiel, toujours la même conseillère influente du couple: Michèle Marchand, une communicante septuagénaire considérée à Paris comme «la reine des people».

Emplois familiaux: le Sénat résiste

Le Sénat français est-il au-dessus des lois de la République? La question devra vite trouver une réponse après le refus du président de la chambre haute, Gérard Larcher, de laisser les policiers procéder jeudi à une perquisition du bureau de Michel Mercier, sénateur du Rhône, qu’il venait de nommer au Conseil constitutionnel.

Motif de ces investigations? L’ouverture par le Parquet national financier d’une enquête préliminaire pour déterminer si, oui ou non, l’intéressé a fait bénéficier dans le passé ses deux filles d’un emploi fictif comme assistantes parlementaires. Ancien ministre de la Justice sous le quinquennat Sarkozy, Michel Mercier est un compagnon de route du centriste François Bayrou, avec lequel il a créé le MoDem. Ce dernier avait dû quitter le gouvernement après l’ouverture d’une autre enquête, centrée sur l’utilisation abusive par son parti d’assistants payés par le Parlement européen de Strasbourg.

Alors que l’Assemblée nationale doit, le 9 août, voter les derniers articles du projet de loi de moralisation de la vie politique initialement préparé par François Bayrou, la polémique tombe particulièrement mal. Elle pourrait amener le sénateur Mercier à renoncer à rejoindre le Conseil constitutionnel. De quoi compliquer, aussi, cet été macronien…

(R.W.)