La police russe a mené mardi des perquisitions chez plusieurs militants d’opposition et incarcéré Andreï Pivovarov, l’ex-dirigeant d’Open Russia (Russie Ouverte), l’organisation pro-démocratie de l’opposant en exil Mikhail Khodorkovsky, après l’avoir fait débarquer la veille au soir d’un vol qui allait décoller pour Varsovie, depuis l’aéroport de Saint-Pétersbourg.

Plusieurs perquisitions

«Il y a des perquisitions à ma datcha près de Kolomna, tout comme chez mon ancien collaborateur Alexandre Soloviov et mon directeur de campagne Vitali Venidiktov. Je n’en connais pas la raison formelle», a indiqué sur Telegram un autre opposant, l’ex-député Dmitri Goudkov.

Son père, également ex-député, Guennadi Goudkov, a, lui, indiqué que la police perquisitionnait son ancien bureau «alors qu’il n’y a plus rien là-bas depuis huit ans». Dans la soirée, il a annoncé l’arrestation de son fils pour «une affaire de loyers impayés en 2015», estimant que «c’est l’heure de la lâcheté et de la paranoïa en Russie».

Une arrestation dans un avion

Lundi soir, la police russe a en outre extirpé d’un avion prêt à décoller Andreï Pivovarov, ancien directeur de l’organisation Open Russia, fondée par l’oligarque en exil et détracteur du Kremlin Mikhaïl Khodorkovski. «J’allais prendre l’avion pour aller me reposer, j’ai passé la douane, ils n’avaient pas de questions. L’avion avait déjà commencé à bouger, quand soudain il s’est arrêté. Les flics sont arrivés et m’ont fait sortir», a raconté l’opposant sur Twitter.

Le Comité d’enquête a laissé entendre dans un communiqué qu’Andreï Pivovarov est visé par une affaire criminelle pour «participation aux activités d’une ONG étrangère reconnue comme indésirable», passible de six ans de prison. Selon les enquêteurs, il a été arrêté alors qu’il «tentait de fuir» le pays.

L’Union européenne a appelé à sa libération «immédiate et sans condition» et jugé que «cette affaire confirme une tendance continue du rétrécissement de l’espace pour la société civile, l’opposition et les voix critiques» en Russie. Open Russia s’était auto-dissoute fin mai par crainte de poursuites contre ses membres, après avoir été classée «indésirable» en Russie selon les termes d’une loi promulguée en 2015.

La pression n’a cessé de s’accentuer sur l’opposition russe ces derniers mois, à l’approche des élections législatives de septembre. Le principal détracteur du Kremlin, Alexeï Navalny, se trouve en prison et est visé par plusieurs autres affaires criminelles. Ses organisations ont été classées «extrémistes» et ont suspendu leurs activités par peur des poursuites.