La gifle adressée à Emmanuel Macron lors de son déplacement dans la Drôme ne restera pas impunie. Le responsable, Damien T, se voit condamné de 18 mois, dont quatre ferme. L’homme a comparu ce jeudi 10 juin devant le parquet de Valence. Durant cette audience, il a reconnu avoir giflé le président français. Le représentant du Ministère public a qualifié cet acte de «parfaitement inadmissible» et de «violence délibérée.»

Arts martiaux, Moyen Age et mangas

L’homme de 28 ans, cheveux longs, t-shirt vert et lunettes sur le nez, était jugé en comparution immédiate, deux jours après les faits qui ont suscité une réprobation unanime du monde politique. Il a été présenté dans le courant de la matinée devant le Procureur de la République en vue de sa présentation en comparution immédiate jeudi après-midi, comme l’indique un communiqué du procureur de la République, Alex Perrin.

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Interpellé avec lui, son camarade, Arthur C., «va se voir délivrer une convocation en justice pour la fin du second semestre 2022 pour répondre des infractions en lien avec les armes détenues illégalement» trouvées à son domicile, précise le magistrat. Leur garde à vue, décidée pour les chefs de «violences sans incapacité sur personne dépositaire de l’autorité publique», a par ailleurs été prolongée «afin de poursuivre les vérifications».

Résidant à Saint-Vallier, au nord de Valence, les deux hommes avaient été arrêtés au moment des faits. Ils sont «tous deux inconnus des services judiciaires et des services de renseignements». Le magistrat détaille qu’ils sont membres d’associations de leur commune «en lien avec les arts martiaux, le Moyen Age et l’univers manga.»

Lors de son audition, Damien T., «en couple, sans enfant, sans profession», a reconnu «avoir porté un coup au chef de l’Etat et avoir prononcé des paroles dénonçant la politique». Proche, selon lui, de «la mouvance des gilets jaunes» et partageant des «convictions politiques traditionnelles de droite ou d’ultra-droite» sans être «d’aucun parti ni militantisme exprimé», il a affirmé avoir «agi d’instinct et «sans réfléchir» pour exprimer son mécontentement», a encore expliqué Alex Perrin.

«C’est de la bêtise»

Les auditions des témoins et de la compagne de Damien T. n’ont pas éclairé «davantage les motivations» du jeune homme. Quant à Arthur C., «célibataire, sans enfant, intérimaire», arrêté aux côtés de son ami après avoir filmé l’agression du chef de l’Etat, il «a pu expliquer sa présence sur les lieux sans pour autant participer à l’agression» du président. Au domicile de ce dernier, des «livres anciens sur l’art de la guerre et Mein Kampf, ainsi qu’un drapeau à fond rouge avec faucille et marteau jaune et un drapeau de la révolution russe», ont été trouvés lors d’une perquisition.

Emmanuel Macron a relativisé ce geste, dénonçant des «faits isolés» commis par «des individus ultraviolents.» Selon lui, «c’est de la bêtise. Et quand la bêtise s’allie à la violence, c’est inacceptable.» Mercredi 9 juin, le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, a évoqué pour sa part un acte «grave», mais qui n’est «pas représentatif» des Français ou même de la «colère» d’une partie d’entre eux. Le premier ministre Jean Castex, alors en déplacement à Rungis assurait pour sa part que «nous continuerons plus que jamais, à aller à la rencontre des Français […] La violence dans une société démocratique, la haine, l’exclusion, ne seront jamais une solution et ne pourront jamais être acceptées.»

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Une condamnation unanime

Mardi, il en avait appelé devant les députés «à un sursaut républicain», estimant que «nous sommes tous concernés» et qu’il «en va des fondements de notre démocratie.» Une indignation partagée par l’ensemble de la classe politique. Le patron des députés Les Républicains, Damien Abad estime que «gifler le Président, c’est gifler la République.» Xavier Bertrand, président (et ex-LR) des Hauts-de-France, a rappelé que «le respect des institutions de la République et de ses représentants est un principe cardinal de notre vie démocratique.»

De son côté, le leader des Insoumis (extrême gauche), Jean-Luc Mélenchon s’est dit «solidaire» du président, tandis que la dirigeante du Rassemblement national, Marine Le Pen, a considéré ce genre de comportement comme «inadmissible» et «profondément condamnable.» L’ancien président François Hollande s’est, lui aussi exprimé. «Face à ce geste inqualifiable, toute la nation doit être solidaire du chef de l’Etat» a-t-il plaidé.