Publicité

L’influenceur masculiniste Andrew Tate maintenu en détention pour trafic d’êtres humains en Roumanie

Régulièrement dénoncé pour ses propos misogynes, l’influenceur anglo-américain Andrew Tate a été placé en détention dans le cadre d’une enquête pour traite d’êtres humains et viol en Roumanie. Banni des réseaux sociaux, il venait de faire son retour sur Twitter

Andrew et Tristan Tate sont escortés par des policiers roumains devant la Direction des enquêtes sur la criminalité organisée et le terrorisme roumaine le 29 décembre 2022. — © INQUAM PHOTOS/Octav Ganea / REUTERS
Andrew et Tristan Tate sont escortés par des policiers roumains devant la Direction des enquêtes sur la criminalité organisée et le terrorisme roumaine le 29 décembre 2022. — © INQUAM PHOTOS/Octav Ganea / REUTERS

Son interpellation avait provoqué la joie et les moqueries de nombreux internautes. L’influenceur masculiniste Andrew Tate a été arrêté par la police roumaine jeudi 29 décembre, dans le cadre d’une enquête pour «traite d’êtres humains», «viol», et «constitution d’un groupe criminel organisé». Son frère, Tristan Tate, a aussi été interpellé, a confirmé leur avocat selon le quotidien britannique The Guardian, tout comme deux citoyennes roumaines. A l’issue d’une audience de plusieurs heures ce vendredi, le tribunal de Bucarest a ordonné leur détention pour 30 jours, a indiqué à l’AFP une porte-parole du parquet anti-mafia, Ramona Bolla.

Ancien champion du monde de kick-boxing, Andrew Tate, est devenu l’une des figures les plus connues du mouvement masculiniste sur internet. Ouvertement misogynes, ses propos violents envers les femmes lui ont valu d’être banni de Twitter, Facebook, Instagram, Youtube et TikTok. L’Anglo-américain de 36 ans venait de récupérer son compte Twitter, rétabli par la volonté d’Elon Musk, avant cette interpellation.

Lire aussi: Ces masculinistes qui détestent les femmes

Une enquête ouverte en avril

Les frères Tate sont dans le viseur de la police roumaine depuis plusieurs mois. En avril 2022, le site d’information américain The Daily Beast révélait que la luxueuse maison d’Andrew Tate en Roumanie avait été perquisitionnée dans le cadre d’une enquête pour trafic d’être humain menée par la Direction des enquêtes sur la criminalité organisée et le terrorisme roumaine (Diicot). Selon des journaux roumains, ce raid avait été mené sur la base d’informations indiquant qu’une jeune américaine était séquestrée dans la maison.

Déjà auditionné dans le cadre de cette enquête, Andrew Tate était ressorti libre, mais la police roumaine avait indiqué que l’enquête n’était pas close pour autant. Ce jeudi, les autorités ont interpellé quatre personnes dont deux citoyens britanniques, selon un communiqué de la Diicot. Après interrogatoire, les procureurs de l’agence ont demandé la mise en détention pour 24h.

Selon la justice roumaine, le réseau employait la méthode dite du «loverboy» pour recruter les victimes auxquelles des citoyens britanniques faisaient miroiter l’image d’«une relation de mariage/cohabitation et l’existence de véritables sentiments d’amour» avant de les obliger à tourner des contenus pornographiques sous la contrainte par l’exercice d'«actes de violence physique et de coercition mentale». La Diicot indique avoir identifié six victimes.

Arrêté grâce à des pizzas? La justice dément

Certains internautes veulent voir un lien entre son arrestation et la publication d’une vidéo sur son compte Twitter en réponse à Greta Thunberg. En début de semaine, Andrew Tate avait nargué la jeune activiste pour l’environnement en postant une photo d’une de ses voitures de luxe et en lui demandant où il pouvait lui envoyer la liste des émissions de ses 33 voitures. La réponse moqueuse de la jeune femme, où elle invitait l’influenceur à lui écrire à l’adresse smalldickenergy@getalife.com (energiedepetitebite@achètetoiunevie.com), a suscité un élan de soutien, récoltant plus de trois millions de likes.

Dans une tentative de reprendre la situation à son avantage, Andrew Tate a posté une vidéo où il apparaît cigare à la main, tentant de tourner à son tour en ridicule Greta Thunberg. A un moment, il réclame qu’on lui apporte des pizzas dans «des cartons non-recyclés». Des internautes estiment que ces cartons, provenant d’une chaîne de pizza roumaine, auraient conduit à son arrestation, prouvant sa présence sur le sol roumain. Cette théorie a été réfutée auprès de Libération par la procureure roumaine en charge de l’enquête. «C’est une information très amusante mais ce n’est pas vrai. Nous avons exécuté un mandat de perquisition hier mais la décision avait déjà été prise avant son message [avec la boîte à pizza], puis elle a été autorisée par un juge», déclare Bolla Ramona au média français.

Misogynie et violences

Vendredi, Greta Thunberg s’est fendue d’un autre tweet ironique en réaction à l’arrestation: «Voilà ce qui arrive quand on ne recycle pas ses cartons de pizza». Ces échanges entre l’activiste et Andrew Tate qui peuvent prêter à sourire ont rappelé la gravité des faits qui lui sont reprochés.

Le comportement et les propos de l’influenceur vis-à-vis des femmes ont fait l’objet de nombreuses dénonciations depuis son émergence sur les réseaux sociaux. D’autant que l’ancien kick-boxeur est suivi par de nombreux jeunes garçons.

Lire également cette opinion: La violence à l’égard des femmes, un problème structurel

En 2016, il avait été évincé de l’émission britannique Big Brother après des tweets misogynes et la publication d’une vidéo où il frappe une femme avec une ceinture. Il avait ensuite été banni de Twitter pour avoir affirmé en plein mouvement #MeToo que les femmes victimes de viol étaient responsables.

Selonun portrait du Guardian, son installation en Roumanie correspond à une période où la police britannique a commencé à enquêter sur des allégations d’abus le concernant alors qu’il vivait au Royaume-Uni. Dans une vidéo concernant ce déménagement, Andrew Tate laisse entendre qu’il s’est installé dans ce pays parce qu’il y serait plus facile d’échapper aux accusations de viol.