L’Italie, terre de séismes
GÉOLOGIE
La péninsule subit régulièrement les effets de sa localisation au carrefour de trois plaques tectoniques

Région d’Assise, 1997, 12 morts. San Giuliano di Puglia, 2002, 30 morts. L’Aquila, 2009, 280 morts. Environs de Modène, 2012, 27 morts. Et maintenant, Ombrie, 2016, 70 morts et plus. Au cours de ces 20 dernières années, l’Italie n’a pas compté moins de cinq séismes au bilan supérieur à 10 décès. Et pour cause: elle est située au carrefour de plusieurs plaques tectoniques.
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Au sud de l’Italie, la plaque africaine exerce une forte poussée sur la plaque eurasienne, le long d’une faille qui traverse notamment la Calabre et la Sicile, terres d’intenses activités sismiques et volcaniques. Plus au nord, la plaque eurasienne se frotte à son tour, dans un sens est-ouest cette fois, à la microplaque Adriatique, qui longe le flanc oriental de la péninsule, des Pouilles au sud des Alpes.
Dans les profondeurs de la terre
Ce jeu de plaques a pour conséquence de pousser l’Italie du sud-ouest vers le nord-est, explique Andrea Moscariello, professeur au Département des Sciences de la Terre de l’Université de Genève. Autrement dit, la mer Tyrrhénienne, située entre la péninsule et la Sardaigne, est aujourd’hui en train de s’élargir, tandis que la mer Adriatique, située entre la péninsule et la Croatie est en train, elle, de rétrécir.
Les forces ainsi dégagées (sous forme d’ondes) agissent dans les profondeurs de la terre sur une multitude de failles: celles qui séparent les plaques comme celles qui séparent des blocs plus modestes. Elles ont pour effet tantôt d’élargir ces «zones de rupture», tantôt de les réduire, jusqu’à fermeture complète. Dans ce dernier cas, les plaques (ou les blocs) continuant à subir la même poussée, elles accumulent de l’énergie qu’elles libèrent tôt ou tard, soit en glissant l’une contre l’autre à l’horizontale, soit en glissant l’une sur l’autre à la verticale. Des mouvements subits qui provoquent des séismes en surface.
Les tremblements de terre en trois facteurs
Le premier est l’amplitude du séisme, soit la quantité d’énergie libérée par la faille, en proportion directe de la quantité d’énergie accumulée dedans. C’est elle que l’on indique sur la fameuse échelle de Richter.
Le second est la localisation de l’hypocentre, le point souterrain précis (sous l’épicentre situé, lui, à la surface) où cette énergie s’est libérée. Ces endroits sont relativement peu profonds en Italie, observe Guy Simpson, chargé d’enseignement au Département des Sciences de la Terre de l’Université de Genève. Cela explique pourquoi les séismes qui frappent la péninsule sont parfois plus puissants en surface que ceux plus forts mais plus profonds qui touchent d’autres régions de la planète.
Le troisième est le type de sédiments existant à la surface, explique Andrea Moscariello. Des sédiments mous (sable, grès, etc.), tels qu’il en existe souvent au fond des vallées, augmentent l’amplitude de l’onde sismique, alors que des sédiments durs (roches) ont tendance à mieux les absorber. Une même région pouvant abriter des sédiments très différents, un même séisme peut ainsi présenter une puissance variable sur des sites relativement proches.