L'ONG refuse l'offre de Madrid d'accueillir le navire Open Arms
Migrations
Le gouvernement espagnol a proposé dimanche d'accueillir à Algesiras le bateau Open Arms transportant une centaine de migrants, malgré la décision italienne de fermer tous les ports. Mais l'ONG Proactiva qualifie l'offre d'«inconcevable»

L'ONG Proactiva, dont le navire Open Arms transporte une centaine de migrants secourus en Méditerranée, a rejeté l'offre de Madrid de l'accueillir. En faisant cette proposition, l'Espagne avait qualifié d'«inconcevable» le refus de l'Italie d'offrir un port d'accueil.
#UPDATE Prime Minister Pedro Sanchez "today ordered the port of Algeciras to be ready to receive the boat Open Arms," his office said in a statement. It cited the "urgent situation" on the vessel and Italy's "inconceivable" refusal to allow it to dock pic.twitter.com/gqBMdSWSkg
— AFP news agency (@AFP) August 18, 2019
Il est «absolument irréalisable» pour le navire, qui se trouve près de l'île italienne de Lampedusa, d'aller jusqu'au port d'Algésiras (sud de l'Espagne), comme l'a proposé l'Espagne, face à l'«urgence humanitaire» après 17 jours de mer, a déclaré à la radio COPE Laura Lanuza, porte-parole de Proactiva Open Arms. Son fondateur, Oscar Camps, a précisé qu'il faudrait cinq jours au bateau pour parcourir les 1000 miles nautiques jusqu'à Algésiras.
L'offre de Madrid
Auparavant, le chef du gouvernement espagnol, le socialiste Pedro Sanchez, avait «ordonné l'habilitation du port d'Algesiras pour recevoir le bateau Open Arms». Madrid dénonce «la situation d'urgence» à bord et «l'inconcevable décision des autorités italiennes de fermer tous leurs ports», ont annoncé les autorités dans un communiqué.
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Madrid a pris cette décision «en raison de la situation d'urgence à bord, après deux semaines de navigation», et alors que le navire transporte encore 105 adultes et deux enfants dans des conditions «intenables», a estimé Open Arms. «Les ports espagnols ne sont ni les plus près ni les plus sûrs pour l'Open Arms», a cependant reconnu Madrid.
Vingt-sept migrants débarqués
Le ministère espagnol des Affaires étrangères a toutefois lancé parallèlement, dans un communiqué, un dernier appel «aux autorités italiennes pour qu'elles autorisent le débarquement» des migrants. «Le gouvernement italien peut être assuré que, dès que les migrants auront débarqué, ils seront immédiatement répartis» entre les pays qui ont proposé de les accueillir : France, Allemagne, Luxembourg, Portugal, Roumanie et Espagne, ajoute le texte. Paris s'est engagé à accueillir 40 passagers, a annoncé dimanche à l'AFP le ministère de l'Intérieur.
Par ailleurs, le gouvernement espagnol a indiqué «étudier la possibilité de se pourvoir devant l'Union européenne ou devant les institutions garantes du respect des droits humains et du droit maritime international» pour contester l'attitude de l'Italie. Vendredi, Marc Reig, le commandant du navire, avait décrit une situation «explosive» à bord, soulignant que certains migrants pourraient «se jeter à l'eau» pour rejoindre la terre ferme «à la nage».
Le ministre de l'Intérieur italien, le leader d'extrême droite Matteo Salvini, avait alors accepté à contrecoeur samedi de laisser débarquer 27 migrants mineurs non accompagnés. Mais il continue à refuser le débarquement du reste des passagers, en dépit des engagements d'autres pays.
Crise politique en Italie
Cette énième confrontation entre un navire de secours et le ministre de l'Intérieur italien s'est déroulée cette fois-ci dans le contexte de la crise politique qui secoue Rome.
M. Salvini a fait voler en éclats le 8 août la coalition gouvernementale formée par sa formation politique, la Ligue (extrême droite), avec le Mouvement cinq étoiles (M5S, antisystème). Il a réclamé l'organisation rapide d'élections, alors qu'il est crédité de 36 à 38% des intentions de vote dans les sondages.
Mais un front politique semble en train de se former contre lui, par le biais inattendu d'une alliance entre son ex-partenaire du M5S et le Parti démocrate (centre-gauche).