C’est un projet sans précédent. L’Union européenne a proposé mercredi un budget humanitaire de 700 millions d’euros pour aider ses Etats membres en première ligne face à l’afflux massif de migrants, comme la Grèce, où quelque 10 000 personnes sont bloquées à la frontière macédonienne.

Dévoilé par la Commission européenne, le projet prévoit de fournir une aide humanitaire d’urgence, non plus seulement à des pays tiers pauvres, mais désormais à des membres de l’Union européenne. «La proposition d’aujourd’hui rendra 700 millions d’euros disponibles pour fournir de l’aide là où elle est le plus nécessaire», a déclaré le commissaire européen chargé de l’Aide humanitaire, Christos Stylianides, proposant 300 millions d’euros pour 2016, et 200 millions par an les deux années suivantes.

La Grèce, principal pays bénéficiaire

La présentation écrite du «nouvel instrument» ne détaille pas les pays qui en seront les bénéficiaires, mais l’aide «ira, dans une large mesure, vers la Grèce, parce que c’est là que nous avons la crise humanitaire la plus grave», a expliqué Christos Stylianides.

Athènes, confrontée à une situation dramatique à sa frontière avec la Macédoine, où quelque 10 000 migrants sont bloqués par les restrictions imposées par les pays voisins, a évalué ses besoins à 480 millions d’euros pour organiser l’accueil de 100 000 réfugiés.

131 000 migrants depuis janvier

Selon le Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR), plus de 131 000 migrants sont arrivés en Europe par la Méditerranée depuis début janvier, davantage que pour les cinq premiers mois de 2015. En première ligne, la Grèce, qui abrite actuellement 23 000 migrants, a prévenu mardi qu’elle n’était «pas en mesure de faire face à l’ensemble des réfugiés qui arrivent».

La Commission européenne a appelé mercredi les Etats membres et le Parlement européen, autorités budgétaires de l’UE, à soutenir «rapidement» sa proposition de budget humanitaire intra-européen, qui doit combler un «vide».

La Grèce a déjà pu recevoir ces derniers mois des fonds européens, mais l’UE ne dispose pas d’un outil budgétaire lui permettant de répondre spécifiquement et dans l’urgence à des besoins humanitaires dans un Etat membre, comme elle peut le faire en faveur de pays tiers.