Une résidente de maison de retraite de 101 ans en Allemagne, un médecin en Hongrie et un spécialiste des maladies infectieuses en Slovaquie. C’est auprès de ce public emblématique qu’a commencé un peu en avance, le 26 décembre, la campagne de vaccination de l’Union européenne (UE) qui devait démarrer en théorie le 27. Dimanche, ce sont des résidents de maisons de retraite en Espagne, en Italie ou en France qui ont suivi et ce lundi 28, c’est notamment la Belgique, pays où est produit le vaccin Pfizer/BioNTech, qui lançait sa campagne.

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Une semaine après l’autorisation rendue par l’Agence européenne des médicaments, les Etats membres ont donc commencé à inoculer les quelque 200 millions de doses commandées par la Commission à raison pour le moment de quelques dizaines de vaccinations par jour; malgré quelques couacs logistiques constatés lundi dans l’acheminement des doses, le rythme montera progressivement en puissance.

L’UE en retard?

Avec plus de 400 000 personnes décédées et plus de 25 millions de cas de Covid-19 à son compteur, l’UE emboîte donc le pas à son voisin et désormais pays tiers, le Royaume-Uni, qui a, lui, commencé sa campagne le 8 décembre à un rythme de 35 000 vaccinations par jour. Le 19 décembre, 350 000 Britanniques avaient déjà reçu le vaccin.

Elle accuse aussi du retard sur les Etats-Unis, la Russie et la Chine mais aussi la Suisse. Certains pays, comme les Pays-Bas, n’ont d’ailleurs toujours pas homologué le vaccin Pfizer/BioNTech. Le pays a prévu de commencer la vaccination seulement le 8 janvier.

Une tentative de coordination européenne

Si la Commission européenne a coordonné tous ces derniers mois les commandes et achats de vaccins pour les 27 et réparti les doses en fonction d’un critère de taille de population (l’Allemagne et la France en recevront la plus grande part), elle n’a pas son mot à dire sur les stratégies vaccinales nationales ou les publics prioritaires. Elle peut encore moins se prononcer sur le caractère obligatoire de la vaccination, qui fait polémique dans beaucoup d’Etats membres comme en France, en Italie, en Suède ou en Allemagne.

Les Vingt-Sept ont toutefois tous adopté des stratégies similaires ciblant les personnes fragiles et/ou le personnel des établissements de retraite ou de soins. Le public le moins vulnérable accédera à la vaccination à partir du printemps.

En Italie, où 470 000 doses de vaccin arriveront chaque semaine à partir du 8 janvier, on a mis la priorité sur 1,4 million de professionnels de la santé. Les résidents des maisons de retraite ou de soins arriveront juste après, puis les enseignants, les policiers ou autres professions critiques.
La France, qui a commencé par cibler le public des maisons de retraite et a du mal à convaincre son personnel médical de se faire vacciner, vise un seuil de 1,5 million de personnes vaccinées d’ici à fin février.

En Espagne, les autorités comptent vacciner 15 à 20 millions de personnes d’ici à mai ou juin dont 2,5 millions parmi les résidents des maisons de retraite et les soignants.

Le Luxembourg aussi a privilégié le personnel de soins avant d’ouvrir la vaccination au public des maisons de retraite. Comme l’Allemagne, qui cible en priorité le personnel médical à risque et les personnes de plus de 80 ans, notamment dans les maisons de soins.

Près de 2000 milliards de doses

La Commission a passé une commande de 100 millions de doses supplémentaires à Pfizer/BioNTech. Et début janvier, l’Agence européenne se prononcera sur le vaccin de Moderna. Au total, la Commission a réservé près de 2000 milliards de doses avec sept fabricants dont AstraZeneca, Johnson & Johnson, CureVac et Sanofi-GSK.

Ces achats communautaires n’excluent pas bien sûr les commandes individuelles, comme l’a fait la Hongrie en achetant en novembre des doses du vaccin russe Spoutnik V.