Plus de trois semaines après les élections européennes du 26 mai, ils n’auront toujours officiellement que trois candidats à la succession du Luxembourgeois: l’Allemand Manfred Weber pour le Parti populaire européen (PPE), le Néerlandais Frans Timmermans pour les sociaux-démocrates et la Danoise Margrethe Vestager pour les libéraux européens. Personne d’autre n’est sorti du bois. Le choix paraît donc facile, sauf que ce trio ne soulève pas l’enthousiasme.
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Même la directrice du FMI a été citée
Si aucun prétendant officiel à la Commission ne passe la rampe jeudi, il n’est pas exclu de recourir à des choix alternatifs: des hommes et des femmes actuellement en pause gouvernementale, sur le départ ou bien prêts à revenir à des fonctions bruxelloises après un épisode international. Le temps des surprises est peut-être arrivé. Ainsi l’hypothèse d’Angela Merkel à la tête de la Commission a-t-elle été évoquée plusieurs fois ces dernières semaines, tout comme le scénario Kristalina Georgieva, la Bulgare, issue du PPE, actuellement à la Banque mondiale – les deux noms ont aussi circulé pour le poste de président du Conseil européen. Même la directrice du Fonds monétaire international, Christine Lagarde, a eu droit à quelques commentaires, au point de se dire flattée que l’on puisse penser à elle pour assumer une haute fonction européenne.
A Bruxelles cependant, beaucoup ne croient pas à ces retournements inattendus, pas même à la carte Merkel à la Commission. Il faudrait sans doute une grande «crise» au sein de l’Union européenne ou un énorme problème de leadership pour que la «théorie Merkel» prenne de la consistance, assure une source européenne. D’autres noms reviennent aussi régulièrement comme celui du premier ministre belge, Charles Michel, pressenti par certains à la présidence du Conseil. Comme en 2014, le nom de la Lituanienne issue du PPE Dalia Grybauskaite fait lui aussi partie des spéculations bruxelloises.
Et il y a bien sûr Michel Barnier, le négociateur du Brexit, un «non-candidat» très en vue à la succession de Jean-Claude Juncker. Officiellement hors course, il représente toujours une carte dans les mains d’Emmanuel Macron, qui n’a jusqu’ici rien dévoilé des ambitions françaises pour ces top jobs et s’emploie plutôt à brouiller les cartes. Mais l’Allemagne sacrifierait-elle un Allemand pour un Français à la tête de la Commission?
A défaut de surprises, il faudra donc, semble-t-il, se contenter jeudi de ce qui est connu. Et qui tient la corde dans cette configuration? Le Bavarois Manfred Weber est perçu par certains comme assez terne et un peu trop étiqueté «Parlement européen». De plus, Emmanuel Macron se montre franchement hostile à sa nomination à la Commission et ne cesse de critiquer son manque de carrure politique.
Ancien ministre néerlandais des Affaires étrangères, l’actuel premier vice-président de la Commission, Frans Timmermans, a du «bagout» et a su gérer des dossiers très sensibles comme la question de l’Etat de droit en Pologne ou l’accord migratoire avec la Turquie. Mais dans la famille socialiste, il devra compter avec l’Espagnol Pedro Sanchez, qui pourrait bien revendiquer également un poste de poids pour son pays.
Une candidature tardive qui laisse sceptique
Quant à la Danoise Margrethe Vestager, elle est certes devenue l’icône anti-monopoles dans l’UE mais, en attendant la nuit du 26 mai pour se déclarer candidate, elle n’a pas donné le sentiment que l’emploi l’intéressait particulièrement. Et puis, dans la nouvelle famille politique d’Emmanuel Macron, il y a Guy Verhofstadt, l’ancien premier ministre belge qui voudrait bien finir sa carrière en beauté en prenant la tête du Parlement européen. Le président français et d’une manière générale les libéraux européens pourront-ils avoir deux postes d’importance?
Dans ce schéma plus que brouillé, certains pensent que le temps, comme l’absence d’autres options pour la tête de la Commission, pourrait profiter à l’Allemand Manfred Weber. Ils y croient d’autant plus que le Parlement européen tient à son système de «têtes de liste européennes» et ce système, mis en place en 2014, insiste justement sur le fait que la présidence de la Commission doit échoir au parti arrivé en tête, ce qui est le cas du PPE avec 179 sièges (sur 751).