Lyon, en marche avec Emmanuel Macron
France
La capitale des Gaules accueille ce samedi un sommet des réformistes européens dont l’ancien ministre de l’Economie sera l’invité vedette

Gérard Collomb se rapproche à grands pas de la dissidence. Elu socialiste, le maire de Lyon est désormais le pilier du dispositif politique en train de se constituer autour d’Emmanuel Macron.
Côté électoral, l’ancien ministre de l’Economie compte sur les quelque 60 000 sympathisants de son mouvement En Marche, lancé en avril et dont il a tenu le premier meeting à la Mutualité, à Paris, le 12 juillet.
Manque de soutien
Côté programme et encadrement, le favori des sondages manque par contre de soutiens de poids, même si une nouvelle enquête d’opinion l’a encore désigné «meilleur candidat de la gauche» pour la présidentielle de mai 2017. D’où l’importance de l’engagement à ses côtés du maire de Lyon, et du collectif Les Gracques, constitué de hauts fonctionnaires et de personnalités de gauche proches du centre, comme l’écrivain Erik Orsenna, ou l’ancien conseiller de Michel Rocard à Matignon Bernard Spitz.
A la tête de la capitale des Gaules depuis 2001, sénateur depuis 1999, Gérard Collomb, 69 ans, est l’un de ces grands patrons de collectivité locale à qui le président François Hollande n’a rien offert. Il en va de même pour l’ancien maire de Paris Bertrand Delanoë, plusieurs fois annoncé comme ministre, puis écarté, ou du président de la région Aquitaine Alain Rousset, spécialiste des questions industrielles. La raison? Leur indépendance d’esprit.
Possibles pressions de l’Elysée
Le fait d’organiser à Lyon, au Musée des confluences, le premier sommet des réformistes européens, à l’initiative des Gracques et de la fondation proche du PS Terra Nova, a donc tout de la tribune offerte à Emmanuel Macron, qui en sera l’invité vedette samedi après-midi. Au point que l’Elysée, mécontent, aurait fait pression auprès de quelques personnalités annoncées, qui ont fini par se décommander, comme le commissaire européen Pierre Moscovici, l’actuelle maire de Paris Anne Hidalgo, le patron de l’agence France Stratégie Jean Pisani-Ferry et la fondation Terra Nova.
L’ancien patron de l’OMC Pascal Lamy et le centriste Jean-Louis Borloo, ancien ministre de Sarkozy, seront eux au rendez-vous. Ce dernier, fondateur de l’UDI, prouve l’attrait exercé par Emmanuel Macron sur les centristes, divisés entre la droite et l’hypothèse d’une nouvelle candidature de François Bayrou, très sévère sur l’ancien ministre auquel il reproche d’être un «hologramme» et d’incarner «l’argent».
A la recherche d’une terre électorale?
Présent le 12 juillet à la Mutualité, Gérard Collomb assume. «Emmanuel Macron incarne un renouveau que veulent les Français, à la fois soucieux de cohésion sociale et de vitalité économique. Deux objectifs qui sont aussi ceux de la métropole lyonnaise», a-t-il expliqué au Temps avant le dîner d’ouverture vendredi.
«Etre de gauche aujourd’hui, ce n’est pas une affaire de parti, poursuit le maire de Lyon. C’est aussi une affaire morale. Une envie d’agir. C’est cela que je soutiens.» S’agit-il aussi de trouver du côté de Lyon une terre d’atterrissage électorale pour Emmanuel Macron, qui n’a jamais été élu? Officiellement non, mais. «La dynamique région Rhône-Alpes se prête sans doute plus à son profil que la Picardie dont il est originaire», reconnaissait, en juillet, un proche du maire de Lyon.
Soutien de Daniel Cohn-Bendit
L’irritation provoquée, du côté de François Hollande et du premier ministre, Manuel Valls, par ce sommet des réformistes a augmenté avec l’annonce, jeudi, du soutien apporté à Emmanuel Macron par Daniel Cohn-Bendit, une caution de poids. Toute la question, pour celui qui fut secrétaire général adjoint de l’Elysée entre 2012 et 2014, reste toutefois de savoir s’il est prêt, malgré sa popularité et l’engouement médiatique, à se lancer dans le grand bain de la présidentielle sans appareil, et peut-être face à celui auquel il doit politiquement presque tout: François Hollande.