Manifestations et débordements dans plusieurs villes françaises après l’adoption de la réforme des retraites
Les protestations contre la réforme des retraites ont été émaillées de violence dans plusieurs régions de France. A Paris, une centaine de personnes ont été interpellées par les forces de l’ordre

Poubelles renversées et brûlées, barricades, jets de projectiles sur les forces de l’ordre, fumigènes: l’adoption lundi de la réforme des retraites après le rejet de la motion de censure a provoqué de nombreuses manifestations émaillées d’incidents dans toute la France, ont constaté des journalistes de l’AFP.
A Paris, quelques centaines de personnes, rejointes par des députés de la France Insoumise (LFI), se sont d’abord rassemblées, non loin de l’Assemblée nationale, Place Vauban (VIIe arrondissement), avant d’être canalisées par les forces de l’ordre.
Puis, des feux de poubelles et affrontements avec les forces de l’ordre ont été repérés dans le quartier de la gare Saint-Lazare (IXe), autour de la place de l’Opéra, où de nombreux cars de CRS étaient stationnés. Un cortège a ensuite arpenté les rues en renversant des poubelles, suivi par les policiers de la BRAV-M à moto, tandis que d’autres étaient au Châtelet, non loin de l’Hôtel de Ville. Peu avant 22h30, 101 personnes avaient été interpellées à Paris, selon une source policière.
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«C’est pour les retraites et pour le reste»
Renversant sur leur passage trottinettes électriques et vélos, ou mettant le feu à des poubelles, les manifestants ne cherchaient pas la confrontation avec les forces de l’ordre, selon les journalistes de l’AFP sur place, mais plutôt à se livrer au jeu du chat et de la souris. Les forces de l’ordre ont utilisé à plusieurs reprises des gaz lacrymogènes.
«On entend que les jeunes ne sont pas mobilisés. Nous voilà. C’est pour les retraites et pour le reste. C’est un tout, une accumulation», a expliqué à l’AFP une étudiante désirant rester anonyme, la manifestation n’étant pas déclarée.
Les mêmes scènes se sont reproduites dans plusieurs grandes villes de France, comme à Strasbourg, où un gros millier de manifestants se sont d’abord rassemblés place Kléber, en plein centre-ville, sifflant et huant le rejet de la motion de censure avant d’allumer des fumigènes et de scander «nous aussi on va passer en force».
Certains manifestants ont ensuite commis des dégradations sur les quais le long de l’Ill. La façade d’une banque a été caillassée et taguée, des poubelles ont été incendiées et des panneaux publicitaires ont été brisés. «Mon état d’esprit c’est un dégoût infini, c’est un déni de démocratie dans la forme, sur le fond», a déclaré Giampiero Russo, prof de sciences économiques et sociales à Strasbourg, avant que le cortège se mette en route.
«On s’y attendait mais on est déçus, en colère»
A Dijon, environ 200 personnes ont manifesté, certains, masqués et souvent cagoulés, scandant: «on déteste la police». La manifestation a été dispersée vers 21h et la police a procédé à deux interpellations.
A Lyon, environ 500 manifestants, dont beaucoup de jeunes, se sont rassemblés vers 20h30 place Guichard dans le 3er arrondissement et s’en sont pris aux forces de l’ordre avec des jets de projectiles, avant de se disperser en plusieurs groupes dans différents quartiers. Un premier bilan de la préfecture a fait état de deux interpellations.
Même bilan provisoire de deux interpellations à Saint-Etienne, tandis qu’à Voiron, dans l’Isère, la permanence de la députée Renaissance Élodie Jacquier-Laforge a été vandalisée, selon la préfecture.
Les manifestants étaient plusieurs centaines à Lille devant la préfecture, où ils ont sifflé et hué en apprenant le rejet de la motion de censure. «Ça va péter», ont-ils scandé, «Louis XVI on l’a décapité, Macron on va recommencer». «On s’y attendait mais on est déçus, en colère», souligne Emma Maes, une Lilloise de 26 ans, tout en soulignant que «la mobilisation n’est pas finie» et en évoquant l’espoir d’un référendum d’initiative populaire.
A Bordeaux, une manifestation spontanée a rassemblé 150 à 200 personnes sur la place de la Victoire, selon la préfecture. Les forces de l’ordre ont ensuite fait usage de gaz lacrymogènes pour disperser des groupes de «jeunes très mobiles». D’autres rassemblements avaient lieu à Limoges ou Poitiers, ou encore à Rouen.
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