Entre les deux tours des élections municipales, deux Matteo Renzi se sont tour à tour présentés devant les Italiens. Le premier, le président du Conseil, s’est mis en retrait et s’est épargné de tout commentaire. «Il s’agit d’un test important pour les villes, non pour le gouvernement», a-t-il seulement lâché. Le second est le secrétaire de la première formation d’Italie, le Parti démocrate au pouvoir (PD, centre gauche), dont le constat suite aux résultats du premier tour il y a deux semaines est amer. Les sorts du parti et de l’exécutif sont ainsi inextricablement liés et le leadership de Matteo Renzi est aujourd’hui mis à mal.

Le scrutin «ne s’est pas bien passé, a commenté le chef des démocrates au lendemain du premier tour. Nous voulons certainement plus». Le 5 juin, la formation du président du Conseil s’est retrouvée en difficulté dans les principales villes de la Péninsule. Le PD a vu son candidat éliminé à Naples, devancé de plus de dix points à Rome. Les électeurs se rendent à nouveaux aux urnes dimanche. Lors du premier tour, plus de 13 millions de personnes ont été appelées à choisir leur maire dans 1342 communes.

Matteo Renzi se fait peu d’illusion sur une victoire dans la capitale, où Virginia Raggi, la candidate du Mouvement 5 étoile (M5S), le parti de l’humoriste Beppe Grillo, a dominé les élections. Il mise donc tout sur l’autre capitale, celle économique: Milan.

Mais dans le chef-lieu lombard, seules 5000 voix séparent le candidat de centre gauche, en tête du premier tour, de son rival. Le chef du gouvernement avait pourtant placé tous ses espoirs en la personne de Giuseppe Sala. Auréolé du succès de l’Expo 2015, l’ancien commissaire du rendez-vous milanais s’est imposé comme le candidat naturel du PD. Et il en a fait son principal argument de campagne: «Avec l’Expo, les gens ont trouvé ce qu’ils demandent pour leur propre ville: un endroit propre, sûr et avec des moyens de transport efficaces.» Il souhaite également relancer la ville sur la scène internationale et rapprocher les périphéries du centre.

Celui qui se fait appeler «Beppe» Sala n’a jamais été élu. Son premier contact avec la politique n’a lieu qu’à 58 ans, lorsqu’il remporte en février les primaires PD avec 42% des voix contre 34% pour le choix du maire sortant, l’indépendant de gauche Giuliano Pisapia. Après être passé par Pirelli et Telecom, il compte mettre sa carrière de manager au profit de Milan, ville qu’il connaît bien pour avoir été le directeur général de la mairie.

La partie semblait gagnée d’avance pour Matteo Renzi. Jusqu’à ce que Stefano Parisi n’entre dans la course. Sa figure est très semblable à celle de son adversaire: city manager de Milan dans les années 1990, il poursuit sa carrière dans le privé, chez Fastweb, société de télécommunication. A 59 ans, il découvre lui aussi la politique avec cette campagne électorale. Et réussit l’exploit de réunir autour de sa candidature les principaux partis de la droite italienne, de Forza Italia de Silvio Berlusconi à la Ligue du Nord de Matteo Salvini.

Matteo Renzi, qui voit les élections milanaises comme un «penalty», est envahi de doutes. «Un penalty bien tiré ne peut pas être arrêté», lance-t-il à son candidat, filant la métaphore sportive quelques jours avant le début de l’Euro. Le président du Conseil veut remporter Milan pour limiter les dégâts avant le référendum d’octobre sur ses réformes constitutionnelles. Ce rendez-vous est clairement un test sur son gouvernement. Le chef de l’exécutif et du Parti démocrate a promis de démissionner en cas de rejet populaire.