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La participation historiquement basse de 46% rend compliquée l'analyse du scrutin local. Mais pour Emmanuel Macron, la défaite parait annoncée

Le Covid 19, vainqueur par K.O du premier tour des élections municipales dans les 35 000 communes de France? Au vu de la participation de 46% - la plus faible jamais enregistrée pour ce scrutin d'ordinaire apprécié des français - l'épidémie a gravement perturbé les opérations de vote et assommé en priorité le parti d'Emmanuel Macron. Résultat révélateur: deux des maires sortants emblématiques du Rassemblement national (extreme droite), Steeve Briois à Hénin Beaumont (Pas de Calais) et David Rachline à Fréjus (Var) ont été réélus dès dimanche soir. Une confirmation de l'enracinement local du RN, illustrée aussi à Perpignan où le candidat du parti, Louis Aliot, apparait grand favori avec 37,2% des voix.
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Emmanuel Macron avait misé sur le civisme des français et la possibilité de tenir les opérations de vote dans un contexte gravissime. Ce pari là est réussi, car environ 22 millions d'électeurs (sur 44,7 millions), soit presque autant que pour les législatives de 2017, se sont quand même déplacés, et les mesures sanitaires ont dans l'ensemble étaient respectées dans les écoles ou salles transformées en bureaux de vote. Problème: l'éventuelle incapacité d'organiser le second tour le 22 mars, alors que des mesures de confinement individuel accrues pourraient intervenir lundi soir.
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Bons scores des Verts
Les résultats de dimanche deviendraient alors caducs puisqu'en théorie, le code électoral impose la tenue des deux tours. Six présidents de région, dont Valérie Pécresse (Ile de France) et Xavier Bertrand (Hauts de France), ainsi que le leader écologiste Yannick Jadot et le dirigeant de la France insoumise François Rufin ont apporté leur soutien à un report, synonyme d'annulation de ces municipales à hauts risques. Une nouvelle consultation du conseil scientifique aura lieu mardi.
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Deux autres leçons pouvaient être tirées à 20h30, au moment où tombait le nouveau bilan de 5400 personnes infectées et 120 morts. La première est la bonne santé municipale des écologistes, illustrée par l'arrivée en tête de la candidate écologiste à Besançon (Doubs) et plusieurs bons scores de candidats verts dans des villes moyennes. En attendant d'en savoir plus sur le score du maire vert sortant de Grenoble, Eric Piolle.
Seconde leçon? Le pénible enracinement de la majorité présidentielle. Il était attendu. Mais il montre que dans les 35 000 communes de France, en particulier dans les territoires ruraux, la rupture macronienne ne passe pas. Au niveau des ministres, la réélection au premier tour à Tourcoing (Nord) du ministre du budget Gerald Darmanin issu de la droite était attendue. Mais l'échec du premier ministre Edouard Philippe au Havre, où sa liste est talonnée (43% contre 39%) par celle de son principal opposant communiste pose une question politique majeure. Un échec du chef du gouvernement obligerait sans doute Emmanuel Macron à rebattre les cartes de l'exécutif.