Union européenne
A Bruxelles, Carles Puigdemont est de plus en plus perçu comme le protégé du parti indépendantiste flamand N-VA

Moins d’un kilomètre sépare, à Bruxelles, le siège de la Commission européenne du parlement régional flamand, où Carles Puigdemont circule comme chez lui. Le leader des indépendantistes catalans, parti en exil en Belgique un mois après le référendum du 1er octobre 2017, vit en effet quasiment sous la protection de la N-VA, la Nouvelle Alliance flamande, principale force politique néerlandophone du pays.
Mardi soir, l’intéressé assistait aux vœux de la N-VA à Louvain, ville symbole du nationalisme flamand dont l’université fut scindée en deux entités linguistiques après les émeutes nationalistes de 1968 (la branche francophone s’installa alors à Louvain-la-Neuve). «La communauté d’intérêt est claire, explique le politologue belge Pascal Delwit. Pour les Flamands, le combat de Puigdemont contre le royaume d’Espagne prouve aussi que l’objectif de l’indépendance n’est pas abandonné.»
Un courage salué
L’affaire n’est évidemment pas simple à gérer pour le gouvernement fédéral belge, dirigé depuis les élections législatives de 2014 par le libéral francophone Charles Michel mais dominé par la N-VA. En novembre, à la suite de son interrogatoire par la police belge, Carles Puigdemont avait réussi à ne pas être extradé vers Madrid, tout comme les quatre ex-ministres de la Generalidad de Catalogne qui l’ont suivi. La procédure d’extradition, déclenchée après la délivrance par l’Espagne d’un mandat d’arrêt international pour «rébellion, sédition et malversation de fonds», est assurée de prendre de toute façon plusieurs mois compte tenu des possibilités d’appel. Elle est aussi en partie bloquée par le fait que le Tribunal suprême espagnol conditionne la réactivation de ce mandat d’arrêt à la reprise des travaux du parlement catalan.
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La relation entre Puigdemont et le leader de la N-VA, le maire d’Anvers, Bart De Wever, a failli donner lieu la semaine dernière à une scène surréaliste: celle du leader catalan prononçant son discours d’investiture comme nouveau président du parlement régional… dans l’hémicycle du parlement flamand. La Cour constitutionnelle espagnole ayant tranché, samedi 27 janvier, sur l’impossibilité, pour l’intéressé, de se faire élire ou de gouverner à distance, l’affaire en est restée là.
Beaucoup de nationalistes flamands, présents lors des conférences de presse de Puigdemont à Bruxelles – souvent données au Press Club Europe, face au Conseil européen (représentant les Etats membres) – ont publiquement salué le «courage» de ce dernier après sa proclamation d'indépendance du 27 octobre 2017, qu’aucun pays européen n’a toutefois reconnu. En 2010-2011, le blocage politique entre néerlandophones et francophones avait abouti en Belgique à 194 jours sans gouvernement issu des urnes. Des ultra-nationalistes flamands avaient alors, sans succès, brûlé le drapeau belge, tandis que les politiciens se contentaient, eux, de démanteler encore plus, par la sixième réforme constitutionnelle belge, les prérogatives de l’Etat fédéral.