Le quartier se réveillait doucement, jusqu’à l’irruption de l’horreur. Trois personnes ont été tuées jeudi lors d’une attaque au couteau perpétrée à l’intérieur de la basilique Notre-Dame-de l’Assomption, au cœur de Nice, capitale des Alpes-Maritimes. Il est 8h29 quand l’assaillant pénètre dans l’édifice religieux. La première victime, une femme de soixante ans, est égorgée. Le gardien, employé du diocèse, est également tué à coups de couteau. Une troisième victime, qui parvient à fuir, succombe à ses blessures dans un bar en face de la basilique, malgré les soins prodigués par les secours. Il s'agit d'une femme de 44 ans.

Alertée, la police municipale intervient rapidement sur les lieux du crime. L’auteur des faits est blessé par balles lors de l’intervention. L’agresseur serait âgé de 21 ans, de nationalité tunisienne et n’était pas connu des services de police. Il venait d’arriver en France de manière clandestine. «Il n’a eu de cesse de répéter en boucle «Allah akbar» alors qu’il était médicalisé devant nous», a témoigné le maire de la ville, Christian Estrosi, peu de temps après les faits. Le parquet national antiterroriste s’est saisi de l’affaire. Une enquête a été ouverte pour «assassinat et tentative d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste» et «association de malfaiteurs terroriste criminelle». Le mode opératoire rappelle la décapitation du professeur d’histoire-géographie Samuel Paty, assassiné le 16 octobre pour avoir montré des caricatures de Mahomet à ses élèves.

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Menace diffuse

La cible est une nouvelle fois hautement symbolique. L’attentat de Nice intervient à l’approche de la Toussaint, fête catholique en l’honneur des morts. Contacté par la chaîne française BFMTV, le curé doyen de Nice Centre, Gil Florini, affirme avoir été prévenu «qu’il y avait des menaces». Ce lieu de culte présentait-il une sensibilité particulière? Face à cette menace diffuse, qui s’est aggravée depuis le début du procès Charlie Hebdo, l’action des services de renseignement est rendue particulièrement complexe.

Plusieurs interpellations ont eu lieu dans la journée. A Lyon, un Afghan armé d’un couteau a été arrêté. Selon une source proche du dossier, citée par Libération, l’homme s’apprêtait à passer à l’acte. La violence s’exprime également à l’étranger, au moment où des dirigeants arabes s’opposent à Emmanuel Macron sur la laïcité. Un garde a été victime d’une attaque au couteau devant le consulat français d’Arabie saoudite, pays qui n’avait pas commenté les propos du président sur les caricatures.

Les autorités françaises ont relevé le plan Vigipirate au niveau «urgence attentat», entraînant une mobilisation totale des forces de sécurité sur l’ensemble du territoire «le temps de la gestion de crise», précise le site du gouvernement. Après un passage par la cellule de crise au Ministère de l’intérieur, en face du palais de l’Elysée, Emmanuel Macron s’est rendu en début d’après-midi dans la ville azuréenne, sur les lieux du crime, accompagné du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, de son homologue à la Justice, Eric Dupond-Moretti, et du procureur général du parquet national antiterroriste, Jean-François Ricard.

Cible symbolique

Le président de la Conférence des évêques de France, Eric de Moulins-Beaufort, était également sur place. Un peu plus tôt, l’institution catholique appelait à ce que «les chrétiens ne deviennent pas une cible à abattre». «J’appelle les musulmans de France, en signe de deuil et de solidarité avec nos compatriotes victimes de cet acte abject, à annuler toutes les festivités de la fête de Mawlid, la fête de la naissance du prophète de l’islam, qui était prévue ces vendredi, samedi et dimanche», a annoncé de son côté Mohammed Moussaoui, le président du Conseil français du culte musulman, sur la chaîne Franceinfo.

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Ce n’est pas la première fois qu’une église est la cible du terrorisme islamiste. Sid Ahmed Ghlam, dont le procès doit se conclure le 6 novembre, est accusé d’avoir tué en 2015 une femme près d’une église de Villejuif, en région parisienne, où il projetait un attentat à l’heure de la messe dominicale. Le 26 juillet 2016, à Saint-Etienne-du-Rouvray, en Normandie, deux terroristes ont égorgé le Père Jacques Hamel dans son église et blessé grièvement un paroissien, avant d’être abattus par les forces de l’ordre. Ce n’est pas la première fois non plus que Nice est victime de cette violence. La même année, le 14 juillet, un Tunisien fonce avec un camion sur la foule réunie sur la promenade des Anglais à l’occasion d’un feu d’artifice prévu pour la Fête nationale, faisant 86 morts et 458 blessés. En février 2015, la ville du sud de la France avait également été le théâtre d’une attaque au couteau contre une patrouille de soldats en faction devant un centre culturel juif. Trois militaires avaient été blessés.