Nicoletta Dentico: «L’OMS a fait pression sur le gouvernement italien pour influencer le parquet de Bergame»
Co-autrice avec Eduardo Missoni du livre «Géopolitique de la santé, Covid-19, OMS et le défi pandémique», coprésidente du Geneva Global Health Hub et directrice du Programme de santé globale à la Society for International Development, Nicoletta Dentico jette un regard sévère sur une Organisation mondiale de la santé qu’elle aimerait pourtant forte
Quo vadis? En pleine pandémie de Covid-19, l’Organisation mondiale de la santé fait face à une crise qui fait les titres de la presse internationale. Ranieri Guerra, l’envoyé spécial du directeur général de l’OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus, est sous enquête du parquet de Bergame, soupçonné d’avoir menti à la justice lors d’une audition l’an dernier. En mars, les procureurs italiens ont soumis à l’organisation une commission rogatoire.
L’affaire a commencé en mai 2020 par le retrait, après vingt-quatre heures, d’un rapport de onze experts de la santé publié au sujet de la riposte italienne à la pandémie lors de la première vague de Covid-19. Ranieri Guerra, qui fut jusqu’à peu l’un des onze directeurs généraux adjoints, a visiblement joué un rôle majeur dans ce retrait. L’affaire peut paraître banale, elle révèle pourtant les dangers d’une organisation faible institutionnellement et exposée politiquement.