Le groupe Visegrad (République tchèque, Slovaquie, Pologne et Hongrie) prépare son propre agenda des réformes de l’Union européenne (UE). Il le défendra lors du sommet spécial consacré à l’UE post-Brexit, qui aura lieu le 16 septembre prochain à Bratislava, capitale de la Slovaquie, pays qui assure la présidence tournante de l’UE jusqu’en décembre 2016. Robert Fico, le premier ministre slovaque, comme son homologue polonaise Beata Szydlo, prônent une Europe décentralisée où le pouvoir réside davantage dans les capitales plutôt qu’à Bruxelles. La Pologne, qui préside le groupe, revendique une plus grande représentation des petits pays au sein des institutions européennes. «Pour éviter la domination des grands», a dit sa première ministre récemment.

Nouvelle impulsion

Le groupe de Visegrad confrontera sa vision à celle du «Vieux Continent» – Allemagne, France et Italie – dont les dirigeants étaient réunis lundi soir à Ventotene, petite île au large de Naples. La chancelière Angela Merkel, le président François Hollande et le premier ministre Matteo Renzi cherchent à donner une nouvelle impulsion à l’Europe. Ce deuxième sommet tripartite – après celui qui a eu lieu à Berlin le 27 juin –, s’est imposé après le vote en faveur de la sortie du Royaume-Uni de l’UE le 23 juin dernier.

Le sommet s’est poursuivi jusqu’à tard dans la nuit lors d’un souper à bord du Garibaldi, navire amiral de la marine italienne et pièce maîtresse de l’opération «Sophia» qui vise à lutter contre le trafic de migrants dans la Méditerranée. Les trois dirigeants devaient parler essentiellement de la coopération en matière de sécurité (immigration illégale, terrorisme), l’économie et les jeunes.

«Visiblement, le groupe Visegrad ne supporte plus que les grandes décisions sur l’avenir de l’UE soient prises uniquement par le «Vieux Continent», explique un observateur politique polonais. Après avoir été traités de partenaires juniors pendant plus de dix ans, ils veulent désormais avoir voix au chapitre.» Début juillet, le premier ministre Robert Fico allait dans le même sens, disant que «l’avenir de l’UE ne peut plus être décidé sans l’implication active des États membres qui ont rejoint le bloc après 2004».

Politique d’asile

Outre les questions de réformes de l’UE, les tensions entre l’Est et l’Ouest du continent sont vives sur de nombreux sujets. A commencer par la politique européenne de l’asile. Même s’ils l’ont approuvé au sein du Conseil européen, les quatre rejettent le système de quotas de répartition des réfugiés. La Slovénie le conteste devant la justice. En Hongrie, le premier ministre Viktor Orban demande son rejet par référendum prévu le 2 octobre prochain. La proposition de la Commission d’imposer une amende de 250 000 euros par réfugié refusé a encore irrité le groupe Visegrad.

La division s’est cristallisée une nouvelle fois le printemps passé sur la question des travailleurs détachés. Les parlements de tous les pays d’Europe centrale et de l’Est ont utilisé la procédure du «carton jaune» pour refuser les propositions de la Commission d’imposer les mêmes conditions d’emploi pour les travailleurs étrangers que pour les locaux. Celles-ci concernent en premier les entreprises des pays de l’Est, actives à l’Ouest, mais qui offrent des salaires pratiqués dans les pays d’origine. Après moult délibérations, la Commission a maintenu sa position avec le soutien des grands pays dont l’Allemagne et la France. A Varsovie ou à Prague, le sentiment qui domine est que les travailleurs de l’Est ne sont toujours pas bienvenus en Europe occidentale.