Rishi Sunak a annoncé qu’il prendra des «décisions difficiles» pour réparer les «erreurs» commises sous Liz Truss, poussée à la démission après une tempête financière provoquée par son programme économique. «Je placerai la stabilité et la confiance économiques au cœur du programme de ce gouvernement. Cela signifie que des décisions difficiles devront être prises», a déclaré le nouveau premier ministre pour sa première intervention depuis le perron du 10, Downing Street.

Chargé mardi par le roi Charles III de former un gouvernement, Rishi Sunak est devenu le troisième premier ministre en deux mois, dans un pays plongé dans une grave crise économique et sociale. Il est ainsi devenu le premier dirigeant britannique d’origine indienne, de confession hindoue, et le premier originaire d’une ancienne colonie britannique. A 42 ans, il est aussi le plus jeune chef de gouvernement de l’histoire contemporaine du Royaume-Uni, après une ascension fulgurante en politique.

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Poussée au départ après la tempête provoquée par son plan massif de baisses d’impôts, Liz Truss a souhaité «tous les succès» du monde à son successeur, «pour le bien de notre pays» et, dans un plaidoyer pour l’audace au pouvoir, a cité le philosophe romain Sénèque: «Ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas, c’est parce que nous n’osons pas qu’elles sont difficiles.»

Une première pour Charles III

Faisant un bilan de son mandat éclair, marqué par le décès et les funérailles de la reine Elizabeth II et l’accession au trône de Charles III, elle a souligné le soutien apporté aux ménages face à l’augmentation des factures d’énergie. Elle s’est ensuite rendue en voiture pour remettre sa démission au roi Charles III au palais de Buckingham.

C’est la première fois que Charles III nomme un chef de gouvernement. Liz Truss, avait été reçue par Elizabeth II le 6 septembre lors d’une audience au château écossais de Balmoral. La souveraine de 96 ans était décédée deux jours plus tard.

Boris Johnson, qui a été lui aussi poussé à la démission au début de l’été, a pour sa part tweeté: «Félicitations à Rishi Sunak en ce jour historique, c’est le moment pour chaque conservateur d’apporter à notre nouveau premier ministre son soutien plein et entier.»

Pas d’élections anticipées

Rishi Sunak prend les rênes d’un pays confronté à une grave crise économique et sociale. L’inflation dépasse 10%, au plus haut au sein du G7. Les prix de l’énergie flambent, comme ceux de l’alimentation. Le risque de récession plane. Il lui faudra aussi calmer les marchés, ébranlés par les annonces budgétaires du gouvernement Truss fin septembre, annulées depuis pour l’essentiel en catastrophe.

Rishi Sunak arrive au pouvoir dans une période d’instabilité sans précédent. Il est le cinquième Premier ministre britannique depuis 2016, quand le pays a choisi lors d’un référendum de sortir de l’Union européenne. Il prend la tête d’un parti conservateur extrêmement divisé, après douze ans au pouvoir. Alors que l’opposition travailliste caracole en tête dans les sondages à deux ans des élections générales, Rishi Sunak a prévenu les députés de son camp qu’ils devaient «s’unir ou mourir».

Rishi Sunak a exclu des élections anticipées, réclamées par le Labour. Mais selon un sondage Ipsos publié lundi, 62% des électeurs souhaitent un tel scrutin avant la fin 2022. Selon un sondage YouGov, seuls 38% des Britanniques sont satisfaits que Rishi Sunak devienne leur premier ministre.

Quel programme?

Ce Brexiter de la première heure, qui passe pour un travailleur pragmatique, devra former un gouvernement rapidement, pour à la fois donner des gages aux marchés et satisfaire les clans de sa majorité, au risque de subir le même sort que Liz Truss. Il devra aussi s’expliquer sur ses intentions: il ne s’est pas exprimé pendant la campagne éclair des Tories qui a démarré jeudi. Il s’est imposé sans programme ni vote des adhérents, après la renonciation de l’ex-premier ministre Boris Johnson et l’échec de son adversaire Penny Mordaunt à obtenir les 100 parrainages de députés requis.

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Pendant la précédente campagne, l’été dernier, lors de laquelle il avait été battu par Liz Truss, cet ancien chancelier de l’Echiquier (2020-2022) avait insisté sur la nécessité de lutter contre l’inflation, qualifiant les promesses de baisses d’impôts de son adversaire de «conte de fées». Sur l’immigration, il avait dit soutenir le projet ultra-controversé, et pour l’heure bloqué, consistant à envoyer les migrants arrivés illégalement au Royaume-Uni au Rwanda.