Un pilier de la défense des droits de l'homme en Russie
Fondée en 1989, Memorial a été reconnue par les autorités russes en 2016 comme «agent de l’étranger». Ce label oblige les organisations, médias ou personnes concernées à faire connaître ce statut dans toutes leurs publications, y compris sur les réseaux sociaux, et à se plier à de fastidieuses démarches administratives.
Truly bad news: Russian prosecutors demand the liquidation of @MemorialMoscow, the institution that has done more to tell the true history of the USSR than any other, and worked to promote human rights in modern Russia too. If this happens, an era ends.https://t.co/f4laUrFOhW
— Anne Applebaum (@anneapplebaum) 11 novembre 2021
Cette désignation, qui rappelle celle d’«ennemi du peuple» à l’époque soviétique, vise dans des termes flous ceux qui reçoivent un «financement étranger» et mènent une «activité politique».
«Nous avons affirmé à plusieurs reprises que cette loi avait été conçue dès le début comme un instrument de justice sommaire contre des organisations indépendantes et insisté pour qu’elle soit abrogée», rappelle Memorial dans son communiqué.
«Nous estimons qu’il n’y a aucun fondement légitime à la dissolution de Mémorial», ajoute l’ONG, engagée depuis des années dans une bataille juridique pour faire annuler cette dénomination.
11 ноября мы получили от Верхсуда уведомление, что Генпрокуратура подала иск о ликвидации Мемориала за систематические нарушения законодательства об “иностранных агентах”
— Общество Мемориал (@MemorialMoscow) 11 novembre 2021
Это политическое решение об уничтожении общества Мемориалhttps://t.co/GwzppPLWkW pic.twitter.com/dREMTM241l
Relire un entretien avec la présidente de Memorial : «La société civile russe a été détruite» (2015)
La demande du Parquet général «est une décision politique de destruction de Memorial», souligne le communiqué.
Symbole de la perestroïka, Memorial, créée par des dissidents dont le prix Nobel de la Paix Andreï Sakharov, fait partie du «patrimoine du peuple russe», a réagi la militante russe des droits humains Zoïa Svetova.
«Si Memorial est dissoute, la Russie deviendra un Etat entièrement totalitaire»
«Si elle est dissoute, la Russie deviendra un Etat entièrement totalitaire», a-t-elle déclaré à la radio Echo de Moscou.
Examen du cas le 25 novembre
La Cour suprême doit examiner le recours du Parquet général le 25 novembre, selon les informations disponibles sur son site officiel.
En 2015, la Cour suprême avait refusé de dissoudre Mémorial, rejetant un recours intenté par le ministère russe de la Justice.
Les autorités russes n’ont cessé d’accentuer la pression sur les ONG, les médias indépendants et d’opposition ces derniers mois, classant la plupart d’entre eux comme «agents de l’étranger».