La police grecque devait poursuivre mercredi l'évacuation du camp d'Idomeni à la frontière avec la Macédoine où s'entassaient quelque 8.400 migrants, afin de les transférer dans des centres d'accueil proches.

«La première phase de l'opération», qui a commencé mardi tôt le matin et qui doit durer au moins une semaine «s'est bien déroulée et s'est achevée en fin d'après-midi» en présence de 700 policiers assistés par un hélicoptère, a indiqué un communiqué du service de la coordination de la crise migratoire.

«Au total 2.031 migrants ont quitté les lieux mardi à bord de 42 cars et l'opération va continuer mercredi», a précisé ce service. Parmi les migrants déplacés figurent 662 Syriens, 1.273 kurdes et 96 Yazidis.

L'opération, entamée peu après le lever du soleil mardi, devrait durer environ une semaine, selon le gouvernement et la police. «Tout se déroule bien, peut-être mieux que nous l'attendions, les migrants sont fatigués et n'espèrent plus que les frontières vont rouvrir», a indiqué à l'AFP une source policière.

Nasse sordide

Idomeni était devenu une nasse pour des milliers de réfugiés et migrants – surtout des Syriens, Irakiens, Afghans, Pakistanais, Iraniens et Maghrébins– après la fermeture en mars de la route des Balkans empruntée jusqu'alors pour gagner l'Europe du Nord.

Cet enlisement alimentait une grogne croissante des agriculteurs locaux, des tensions avec la Macédoine voisine, des incidents répétés entre exilés et policiers et les protestations des exportateurs contre le blocage fréquent par des migrants du trafic ferroviaire entre la Grèce et le nord de l'Europe.

Près de 700 policiers assistés par un hélicoptère participaient mardi à l'opération, qui vise, à terme, l'évacuation totale des quelque 8400 personnes qui s'entassaient encore lundi dans le camp, vivotant depuis des mois dans des conditions régulièrement dénoncées par les organisations humanitaires.

Selon la police, les premiers partants ont été transférés dans un centre d'accueil situé dans une zone industrielle de Thessalonique, la métropole du nord du pays. Une centaine d'entre eux ont toutefois refusé d'entrer dans le centre et ont poursuivi à pied leur route vers le centre-ville, selon une source policière.

Le HCR surveille attentivement

A Genève, le Haut-Commissariat aux réfugiés de l'ONU a jugé que «la situation évoluait dans le calme», rappelant son opposition à «l'usage de la force pour le transfert de personnes». «Tant que le déplacement des gens d'Idomeni est fait en accord avec les normes (...) nous n'avons pas d'inquiétudes particulières», a commenté son porte-parole, Adrian Edwards.

A l'exception de la télé publique grecque Ert1 et de l'agence de presse nationale ANA, les médias étaient interdits d'accès, maintenus à trois kilomètres des lieux par un barrage policier.

Les images de Ert1 montraient au milieu des tentes éparpillées dans des champs, des files de migrants au pied d'autocars, certains saluant la caméra, encadrés par de nombreux policiers.

Une opération qui se déroule dans le calme

Beaucoup des partants, dont nombre de familles avec enfants, avaient entassé leurs affaires dans des sacs poubelles, d'autres dans des poussettes. Un groupe d'enfants patientait devant une tente, d'autres, dont un jeune garçon valide dans un fauteuil roulant, jouaient.

A la mi-journée, les premiers bulldozers avaient commencé à dégager les installations.

«Dans ce genre d'opérations, partout dans le monde, des mesures d'encadrement sont prises», a indiqué M. Kyritsis pour justifier l'interdiction d'accès aux médias.

Deux journalistes au moins ont réussi à rester dans le camp, mais l'un d'eux, du magazine allemand Bild, a été finalement chassé, selon une source policière.  «Toujours pas de violence», a tweeté en début d'après-midi Sophia Maier, une journaliste allemande qui a précisé avoir revêtu robe longue et foulard pour se fondre dans la foule.

«Les policiers informent les gens qu'un transfert est en cours, et les haut-parleurs du camp diffusent le même message en arabe et anglais», a expliqué à l'AFP une représentante sur place de l'ONG Médecins sans frontières, Vicky Markolefa. Le seul problème, selon elle, est que «les gens ne sont peut être pas bien informés de leurs destinations».

Ajournée plusieurs fois, l'opération a finalement été lancée par les autorités grecques après l'ouverture de plus de 6000 places d'accueil dans sept centres et deux camps de tente aménagés au pas de charge dans la région.

Plusieurs ONG ont appelé Athènes à y garantir des séjours dans la dignité, en particulier pour les nombreux enfants, et l'accès aux procédures d'asile et de relocalisation dans l'UE. La Commission européenne «a salué» lundi «toute initiative des autorités grecques» pour vider le camp.