Europe
Le dirigeant conservateur Jaroslaw Kaczynski demande au gouvernement de Varsovie de ne pas adopter la monnaie européenne tant que l’économie polonaise n’aura pas rattrapé l’économie allemande

Le leader des conservateurs nationalistes polonais au pouvoir Jaroslaw Kaczynski a sommé mercredi les responsables de l’opposition parlementaire de refuser d’introduire l’euro tant que la Pologne n’aura pas rattrapé économiquement l’Allemagne.
En adhérant à l’Union européenne (UE) en 2004, la Pologne s’était engagée à adopter la monnaie unique, mais aucun délai n’avait été fixé.
«L’idée est que toutes les formations, dont la nôtre, apportent leur garantie que la Pologne n’introduira pas l’euro avant qu’elle n’atteigne le niveau économique des pays à l’ouest de nos frontières. Notre repère, c’est avant tout l’Allemagne», première puissance économique européenne, a indiqué Jaroslaw Kaczynski dans une déclaration filmée, depuis le siège de son parti Droit et justice (PiS).
Nouveau thème dans le débat public
Le chef du PiS qui, sans occuper de poste institutionnel, est considéré comme l’initiateur de toutes les décisions importantes du gouvernement, a introduit ce thème de l’euro dans la campagne pour les élections européennes, alors que le sujet restait quasiment absent du débat public auparavant.
«Ensemble, nous devons assurer la sécurité et la poursuite du développement dynamique de la Pologne. Dans une question aussi importante que l’avenir du zloty polonais, nous devons faire une déclaration sans ambiguïté. L’avenir de la Pologne et de ses citoyens l’exige», peut-on lire dans le texte que Jaroslaw Kaczynski a dit avoir signé.
65% d’opposants à l'introduction de la monnaie unique
Selon un sondage publié la semaine dernière par le tabloïd Super Express, 65% des Polonais se déclarent opposés à l’introduction de la monnaie européenne, contre 35% de partisans de l’adhésion à la zone euro. Plus de 80% des Polonais se disent cependant satisfaits de l’appartenance de leur pays à l’UE.
Jaroslaw Kaczynski compte parmi les figures populistes européennes qui prônent un agenda de réformes faisant primer la souveraineté des Etats membres sur le courant fédéraliste. Au pouvoir depuis bientôt quatre ans, le gouvernement du PiS a provoqué des tensions avec l’UE avec une série de réformes judiciaires interprétées par Bruxelles comme une menace pour l’Etat de droit.
Les sondages donnent le PiS gagnant du scrutin européen, juste devant la Coalition européenne, animée par le parti d’opposition centriste Plateforme civique (PO), qui brandit le spectre d’une sortie de la Pologne de l’UE («Polexit») en cas de maintien des conservateurs au pouvoir. Le PiS rejette ces accusations.