Le premier ministre italien Giuseppe Conte annonce sa démission
Crise
Dans un discours solennel au Sénat, le chef du gouvernement a annoncé sa démission après avoir accusé Matteo Salvini de faire courir de graves risques à l’Italie

Le premier ministre italien Giuseppe Conte a annoncé mardi sa démission et la fin du premier gouvernement populiste. Il a au passage accusé le chef de la Ligue Matteo Salvini d'avoir été «irresponsable» en faisant éclater la coalition au pouvoir le 8 août.
Dans un discours solennel au Sénat, Giuseppe Conte a tancé son ministre de l'Intérieur, estimant qu'il n'a fait que «poursuivre ses propres intérêts et ceux de son parti» en cherchant à capitaliser sur des sondages qui les créditaient d'une ample majorité au parlement, dans le sillage de leur score record aux Européennes (34%).
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«Faire voter les citoyens est l'essence de la démocratie mais leur demander de voter tous les ans est irresponsable», a lancé Giuseppe Conte. «Le pays a un besoin urgent que soient adoptées des mesures pour favoriser la croissance économique et les investissements».
«J'interromps ici cette expérience de gouvernement. J'entends conclure ce passage institutionnel de façon cohérente. J'irai voir le président de la République pour lui présenter ma démission», a déclaré Giuseppe Conte. Il a toutefois souligné qu'auparavant il écouterait le débat prévu pour durer 3h45.
Discours à charge
Dans son discours à charge contre Matteo Salvini, Giuseppe Conte a accusé le vice-premier ministre d'avoir fait «courir de graves risques à notre pays» et évoqué le danger d'une spirale économique négative pour la troisième économie de la zone euro. Il a aussi tancé le chef de la Ligue (extrême droite) pour son «manque de respect des règles et des institutions», lui reprochant aussi d'avoir réclamé des élections au plus vite afin d'obtenir «les pleins pouvoirs».
Pronto per parlarvi dall’aula del Senato.
— Matteo Salvini (@matteosalvinimi) August 20, 2019
Con coraggio, amore e libertà, sempre prima gli Italiani! pic.twitter.com/E5UgXP8fqi
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«Cher ministre de l'Intérieur, je t'ai entendu demander les 'pleins pouvoirs' et appeler (tes partisans) à descendre dans la rue pour te soutenir; cette attitude me préoccupe», a ajouté Giuseppe Conte. «Nous n'avons pas besoin des pleins pouvoirs mais de dirigeants ayant le sens des institutions», a-t-il encore déclaré.
Arrivé à la tête du pays après une marche fasciste sur Rome, le dictateur Benito Mussolini obtint en 1922 les «pleins pouvoirs» pour diriger à sa guise l'Italie pendant toute l'année suivante.