C’est avec une confortable majorité (plus de 53% des voix selon des résultats non définitifs) qu’Alexander Van der Bellen a remporté l’élection présidentielle autrichienne devant son concurrent, Norbert Hofer. Six mois après un premier scrutin très serré qui l’avait donné vainqueur avant d’être annulé par décision de justice, l’écologiste pourra prendre ses fonctions avec une légitimité démocratique renforcée.

Dimanche soir, Norbert Hofer, le candidat du Parti de la liberté (FPÖ), une formation d’extrême droite, a cette fois-ci très vite concédé sa défaite. «Je ne suis pas fâché, a-t-il déclaré. Dans une démocratie, les électeurs ont toujours raison.» Au siège de campagne du parti, les mines étaient toutefois défaites, y compris parmi les nombreux soutiens venus de l’étranger pour célébrer une première grande victoire de la droite nationaliste dans une présidentielle européenne.

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Soulagement européen

Sur les images de la télévision autrichienne, des représentants du Front national se refusaient ainsi à tout commentaire, se contentant de répondre que leur leader, Marine Le Pen, n’avait pas fait le déplacement de Vienne. Durant toute la journée, les manifestations de soutien politique à Norbert Hofer avaient afflué par Twitter. Marion Maréchal-Le Pen l’assurait ainsi du «soutien des patriotes du monde entier». Frauke Petry, la dirigeante du parti Alternative pour l’Allemagne, écrivait pour sa part qu’en ce dimanche «un pas supplémentaire vers une meilleure Europe était possible. Je tiens les pouces pour Norbert Hofer.»

A l’inverse, le soulagement était perceptible dans le camp pro-européen, à commencer dans l’Allemagne voisine qui suivait de très près ce scrutin. «C’est une victoire de la raison contre la droite populiste, toute l’Europe respire», a réagi le vice-chancelier Sigmar Gabriel. Plusieurs figures des institutions européennes ont également vu dans ce résultat une victoire de l’Europe. Le grand vainqueur du jour donnait le même sens à ce succès. «Depuis le début, je me suis battu et j’ai plaidé pour une Autriche pro-européenne», a expliqué Alexander Van der Bellen à la télévision publique à l’annonce du résultat.

Rempart à l’extrême droite

Ancien patron des Verts autrichiens qui s’était lancé dans la course comme indépendant, Alexander Van der Bellen a par ailleurs expliqué qu’il serait le président de tous les Autrichiens, «y compris de ceux qui ont voté pour mon adversaire». La campagne pour cette élection a en effet laissé des traces après plus de dix mois de débats qui ont mis à jour deux Autriche qui se tourne le dos.

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Norbert Hofer a pu capitaliser sur les voix critiques envers la politique d’asile de l’Autriche qui s’est vu forcer la main l’an dernier lorsque l’Allemagne a ouvert ses frontières aux réfugiés syriens et irakiens. Face à cette tentation du repli, Alexander Van der Bellen s’est fait le rempart d’une Autriche qui refuse de voir l’extrême droite s’emparer de la présidence. «Je demande à tous ceux qui ne m’aiment pas, mais aiment peut-être encore moins M. Hofer de voter pour moi», avait-il ainsi lancé durant ces derniers jours de campagne. Selon un sondage de sortie des urnes, 30% des personnes qui ont voté Alexander Van der Bellen mettaient en avant le fait d’écarter un «glissement à droite».

«Tolérance zéro» en matière de sécurité

Professeur d’économie ayant milité dans le camp socialiste avant de rejoindre les Verts au début des années 1990, Alexander Van der Bellen passe aujourd’hui pour une figure pragmatique et libérale. Ces derniers mois, il a encore infléchi son discours en évoquant une «tolérance zéro» en matière de sécurité et une restriction de l’asile pour les «migrants économiques».