Il a été condamné à une peine de deux ans et demi de prison dans une affaire de fraude datant de 2014, que lui-même, de nombreuses capitales occidentales et des ONG dénoncent comme politique. Alexeï Navalny purge sa peine dans une colonie pénitentiaire de haute sécurité à Pokrov, à une centaine de kilomètres à l’est de Moscou.
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«Imaginez quelque chose comme un camp de travail chinois, où tout le monde marche en rang et où il y a des caméras partout, demande cet ancien avocat de 45 ans dans un échange manuscrit de 54 pages. Le contrôle est constant et il y a une culture de la dénonciation.»
Il y détaille le déroulement de ses journées, principalement consacrées selon lui au visionnage de la télévision d’Etat russe ou à des films de propagande. Un temps d’écran forcé qui dure plus de huit heures par jour et que les autorités appellent un programme de sensibilisation.
On doit s’asseoir sur une chaise et regarder la télévision […] Lire, écrire ou faire quoi que ce soit d’autre» est interdit. «Tout est organisé pour que je sois contrôlé au maximum à chaque heure de la journée.
Alexeï Navalny raconte que chaque journée est rythmée par cinq séances quotidiennes de télévision. «La première commence immédiatement après la gymnastique suédoise du matin, le petit-déjeuner et le balayage de la cour. Après un peu de temps libre, il y a un passage de deux heures devant l’écran, le déjeuner, puis plus de temps d’écran, le dîner, puis plus de temps de télévision le soir.»
Le journal américain écrit qu’il passe la majeure partie de son temps restant à ranger sa cellule, à lire les lettres qu’il reçoit et à manger les repas qui se révèlent bien souvent être de la bouillie.
Au cours de ses premières semaines d’emprisonnement, les gardes le réveillaient plusieurs fois par nuit, affirme-t-il.
Je comprends maintenant pourquoi la privation de sommeil est l’une des méthodes de torture préférées des services secrets […] Ça ne laisse pas de traces et c’est insupportable.
Poutine, un «accident de l’Histoire»
Il décrit aussi son incarcération en des termes plus légers, confiant n’avoir pas été attaqué ni menacé par ses codétenus, avec qui il cuisine parfois. «C’est amusant», dit-il. Le New York Times le décrit comme restant «optimiste» en dépit des circonstances, notamment vis-à-vis de la situation politique en Russie.
«Le régime de Poutine est un accident de l’Histoire, pas une fatalité», écrit-il, estimant que la nomination en 1999 de Vladimir Poutine alors Premier ministre, comme président par intérim par Boris Eltsine, avait été une «erreur» qui sera réparée «tôt ou tard.» «Et la Russie s’engagera sur la voie démocratique et européenne du développement. Tout simplement parce que c’est ce que le peuple veut.»
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Il critique également les sanctions européennes et américaines contre la Russie, qui selon lui nuisent aux Russes ordinaires, rapporte le New York Times.