Professeur décapité en France: sept personnes inculpées, dont deux mineurs
Terrorisme
Le parent d'élève Brahim C. et le militant islamiste Abdelhakim Sefrioui ont été inculpés pour «complicité d'assassinat terroriste». Trois amis de l'assaillant et Abdelhakim Sefriou ont été placés en détention provisoire

Les sept personnes, dont deux mineurs, déférées mercredi dans le cadre de l'enquête sur le meurtre de Samuel Paty ont été mises en examen, a annoncé dans la soirée le parquet national antiterroriste. Le parent d'élève Brahim C. et le militant islamiste Abdelhakim Sefrioui, accusés d'avoir «nommément désigné comme une cible sur les réseaux sociaux» l'enseignant «au moyen d'une manoeuvre et d'une réinterprétation des faits», ont été inculpés pour «complicité d'assassinat terroriste».
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L'avocat d'Abdelhakim Sefrioui a affirmé à l'Agence France-Presse (AFP) qu'avant l'assassinat du professeur son client «n'avait aucune idée de ce qui allait se passer». Selon lui, «il n'y a eu aucun contact» entre Anzorov et son client, et «rien ne dit même qu'Anzorov ait vu sa vidéo».
«Il y a des commanditaires qui sont derrière cet attentat et qui sont certainement ravis de voir que l'enquête se focalise sur des comparses périphériques, qui n'ont jamais voulu une telle horreur», a estimé l'avocat. Selon lui, «les personnes dangereuses, qui ont formé Anzorov, sont à l'abri et vont en former d'autres».
Les deux collégiens sous contrôle judiciaire
Deux amis de l'assaillant, Naim B. (18 ans) et Azim E. (19 ans), ont été inculpés du même chef. Un troisième proche, Yussuf C., est poursuivi pour «association de malfaiteurs terroriste en vue de commettre des crimes d'atteintes aux personnes». Tous ont été placés en détention provisoire, sauf Brahim C., qui a toutefois été incarcéré dans l'attente d'un débat sur cette question.
Jean-François Ricard, le procureur antiterroriste, a souligné dans la journée le caractère inhabituel du défèrement de deux mineurs dans une telle procédure. A son arrivée au collège, le tueur aurait abordé des élèves «en leur offrant une somme de 300 à 350 euros» pour qu'il leur désigne Samuel Paty, a précisé Jean-François Ricard. Les deux collégiens de 14 et 15 ans, accusés d'avoir désigné l'enseignant à l'assaillant, ont eux aussi été inculpés pour «complicité d'assassinat en relation avec une entreprise terroriste», mais ils ont été laissés libres sous contrôle judiciaire.
Un «contexte d'appels aux meurtres»
Samuel Paty, 47 ans, professeur d'histoire et de géographie à Conflans-Sainte-Honorine, à 25 kilomètres au nord-ouest de Paris, a été décapité vendredi par Abdoullakh Anzorov, un réfugié d'origine russe tchétchène de 18 ans, pour avoir montré des caricatures de Mahomet début octobre lors de deux cours sur la liberté d'expression.
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Dans un message envoyé sur les réseaux sociaux après avoir posté une photo de sa victime, Anzorov avait annoncé dans un russe hésitant qu'il avait «vengé le prophète», en reprochant au professeur de l'avoir «montré de manière insultante».
L'assassinat de Samuel Paty s'inscrit dans un «contexte d'appels aux meurtres» lancés depuis la republication des caricatures de Mahomet par l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo début septembre, avant l'ouverture du procès des attentats de janvier 2015 à Paris, a souligné le procureur antiterroriste.