Mikolaivka, 15 000 habitants avant la guerre. L’alarme résonne sans interruption. Aucun autre bruit ne vient l’interrompre. Plus une voiture ne roule dans cette bourgade, l’essence a disparu il y a longtemps déjà. De temps en temps un passant ou un cycliste apparaît entre deux rangées de «krouchovka», ces immeubles en briques de cinq étages construits à l’époque soviétique sur ordre de Khrouchtchev. Puis, à droite, un attroupement. Ils sont une quarantaine à faire la queue devant la dernière pharmacie encore ouverte de la bourgade – avant, elles étaient dix. Une explosion résonne. Personne ne bronche. «Guerre ou pas, c’est la même chose. A la différence des alarmes et des bruits d’explosions qui se rapprochent», témoigne un retraité avant de reprendre part à la discussion qui continue devant la pharmacie.