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Salah Abdeslam condamné par la justice belge

L’unique survivant des attentats du 13 novembre a été jugé coupable, à Bruxelles, de tentative d’assassinat à caractère terroriste. Le début d’un long processus judiciaire

Les avocats de Salah Abdeslam, qui a refusé de se rendre à la lecture de son verdict le 23 avril 2018 à Bruxelles. — © Petra Urban via AP
Les avocats de Salah Abdeslam, qui a refusé de se rendre à la lecture de son verdict le 23 avril 2018 à Bruxelles. — © Petra Urban via AP

Le jugement a été prononcé en son absence. Unique survivant des commandos responsables des attentats du 13 novembre 2015 à Paris (130 morts, 400 blessés), Salah Abdeslam a de nouveau refusé lundi de se rendre à l’audience, au Palais de justice de Bruxelles.

L’homme qui a jusque-là toujours refusé de s’expliquer sur ses actes n’était donc pas présent pour s’entendre condamner à 20 ans de prison, après avoir été déclaré coupable de «tentative d’assassinat à caractère terroriste», tout comme son complice Sofiane Ayari, également absent du banc des accusés. Il leur était reproché d’avoir participé, le 15 mars 2016, à une fusillade avec des policiers dans le quartier bruxellois de Forest, où ils avaient trouvé refuge.

«Allah et c’est tout»

L’énoncé du jugement n’a surpris personne. Arrêté le 19 mars 2016 à Molenbeek, ce quartier de la capitale belge où il a grandi, Salah Abdeslam n’a offert à son défenseur, Me Sven Mary, aucune prise pour d’éventuelles circonstances atténuantes lors du procès qui s’est tenu début février. Refusant de répondre aux questions sur le déroulement des faits, le Franco-Marocain de 28 ans – dont la famille résidait en Belgique et dont le frère Brahim s’est fait sauter dans la nuit du 13 novembre sur la terrasse du café Comptoir Voltaire – a au contraire défié le tribunal, s’exprimant brièvement le premier jour d’audience pour dire qu’il plaçait sa «confiance en Allah et c’est tout».

Détenu en France à l’isolement total à la prison de Fleury-Mérogis, celui que les enquêteurs considèrent comme l’un des logisticiens de l’équipée meurtrière est pour l’heure resté quasi muet sur cette nuit fatale. Il avait été récupéré à l’aube du 14 novembre par deux amis bruxellois – interpellés et détenus depuis lors en Belgique – à Montrouge, au sud de Paris, après s’être débarrassé de son gilet explosif dans une poubelle.

Jugé en France en 2021?

Ce procès bruxellois est le second d’une série de rendez-vous judiciaires attendus entre la France et la Belgique, après les attentats parisiens et ceux commis dans le métro et à l’aéroport de Bruxelles le 22 mars 2016 (32 morts, 300 blessés). Le premier procès a concerné en France Jawad Bendaoud, le «logeur» du chef présumé des commandos parisiens, Abdelhamid Abaaoud, tué le 18 novembre 2015 lors de l’assaut policier sur l’appartement de Saint-Denis où le terroriste avait trouvé refuge. Après deux ans de détention préventive, la justice l’a relaxé, faute de preuves sur l’implication de ce délinquant connu des services de police dans l’opération terroriste revendiquée par Daech.

Le prochain djihadiste à comparaître en Belgique devrait être, fin 2018, l’auteur de la tuerie du 24 mai 2014 au Musée juif de Bruxelles, Mehdi Nemmouche. Ce Français, arrêté à Marseille le 30 mai suivant, a été identifié par plusieurs journalistes pris en otage en Irak comme ayant été l’un de leurs geôliers. Il était, comme Abdeslam, en relation avec Abdelhamid Abaaoud. Les six juges du parquet antiterroriste nommés pour mener l’enquête sur la tuerie du 13 novembre envisagent de clore leur instruction en 2019. Le procès français de Salah Abdeslam pourrait, lui, attendre 2021.