Ce scénario-là était sans doute envisageable dès le début, mais on ne l’avait pas décrit. Trop gris, pas assez tranché, trop déprimant, peut-être même trop prévisible… Six mois après l’invasion de l’Ukraine par les chars russes, Moscou a conquis l’équivalent de deux fois la Suisse sur son voisin. 80 000 km², un peu à l’est, beaucoup au sud, et d’énormes dégâts au nord. Les victimes se comptent en dizaine de milliers dans chaque camp. Les crimes de guerre s’empilent. Mais sur le terrain tout reste ouvert. Depuis l’été le front n’est pas vraiment statique ni vraiment dynamique. On bombarde. Avec de moins en moins de précision dans le camp russe et de plus en plus dans le camp ukrainien. Ce 24 août, en vérité, comme le 24 février, personne ne sait rien des intentions de Vladimir Poutine. Or le sort de ce conflit ne tient qu’à sa personne, à ses ordres, à ses lubies, à son idée de ce que devrait être la victoire.