Sale journée pour cette Argovienne. Un départ ce mercredi aux aurores afin de rallier pas trop tard Clermont-Ferrand (à 550 km de chez elle). «Je suis médecin dans une clinique, je voulais profiter d’une semaine de congé pour rendre visite à une vieille amie», explique-t-elle. Au poste frontière de Bardonnex, côté France, un déploiement impressionnant de douaniers et de gendarmes a mis un terme à son voyage. Elle a dû rebrousser chemin et a été lestée de 135 euros «parce qu’elle n’a pas justifié d’un test PCR négatif», explique un fonctionnaire. Stupeur et indignation de la dame: «J’ignorais tout de cette obligation! Mais je ne suis pas malade, je soigne des gens!» Aucune clémence de la part des fonctionnaires, d’autant qu’était présent Jean-Luc Blondel, le sous-préfet de Saint-Julien-en-Genevois, venu observer le bon déroulement des opérations.

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«Une région très imbriquée de part et d'autre»

Depuis le 31 janvier, la France a décidé de limiter les déplacements transfrontaliers afin de freiner la pandémie. Toute entrée ou sortie du territoire français en provenance ou à destination d’un pays extérieur à l’Union européenne est interdite. De leur côté, les citoyens suisses doivent présenter un test PCR négatif réalisé moins de 72 heures avant leur déplacement en France. Sont toutefois exemptés les travailleurs frontaliers, les transporteurs routiers et les résidents du bassin de vie genevois dans un rayon de 30 km et sur une durée maximum de 24 heures. «Paris a compris que cette région était très imbriquée, on a de la famille de part et d’autre, beaucoup de Genevois font les courses en France voisine et beaucoup de Français travaillent à Genève», résume le sous-préfet.

Ce mercredi, les douaniers ont été particulièrement vigilants. En une heure, 15 automobiles immatriculées à Fribourg, à Vaud, à Zurich et dans le Valais ont dû faire demi-tour, les passagers n’étant pas en possession du fameux test. Les douaniers n’arrêtent pas les voitures immatriculées en France «car ces gens-là rentrent chez eux». Les véhicules suisses sont, par contre, tous contrôlés. Si les passagers sont des Genevois et donc sans obligation de présenter un test, ils doivent justifier de leur adresse précise et indiquer leur lieu de destination. Un douanier déploie alors une carte et calcule la distance, qui ne doit donc pas dépasser les 30 km.

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Gros renforts aux frontières

«Bien sûr il y aura des contrevenants, des personnes qui se déplaceront au-delà de la limite. Nous les informons que la police aux frontières a bénéficié de gros renforts et que des contrôles inopinés auront lieu sur l’ensemble du territoire, les voitures étrangères seront forcément ciblées», prévient Jean-Luc Blondel. Le sous-préfet indique par ailleurs que les déplacements pour motif professionnel dispensent de la présentation du test PCR. Ces prochaines semaines, les petits postes frontières autour de Genève devraient, eux aussi, faire l’objet d'opérations de vérification.

Beaucoup de Suisses ont pu cependant brandir mercredi leur test PCR négatif, preuve que l’information semble être passée. A l’image de ce couple de retraités neuchâtelois en partance pour Béziers puis le Cap d’Agde.