Trois mois avant le second tour, les clés cachées de la présidentielle française
Les Français sauront qui présidera le pays jusqu’en 2027 au soir du dimanche 24 avril. Quels seront, d’ici là, les ressorts de la campagne électorale? Plongée dans les coulisses d’une élection qui attend son ultime candidat: Emmanuel Macron
Nouveauté de cette présidentielle: la primaire populaire a pris forme, dimanche, avec un total de 467 000 inscrits. Ils seront invités à voter du 27 au 30 janvier pour désigner, parmi sept personnalités de la gauche, celle qui sera soutenue. Ce chiffre est nettement supérieur à ceux de la primaire écologiste de septembre (122 000 inscrits) et au congrès des Républicains début décembre (près de 140 000). Mais trois des sept candidats -Jean-Luc Mélenchon, Yannick Jadot et la socialiste Anne Hidalgo- ont refusé par avance de reconnaître le résultat du vote, et se retrouvent impliqués dans le scrutin malgré eux. Ils ont chacun demandé que leurs noms soient retirés de la liste des candidats.
L’élection présidentielle française s’achèvera-t-elle par une défaite du «dégagisme» et une réélection de celui qui, depuis l’Elysée, a choisi de faire patienter jusqu’au bout les Français en retardant son annonce de candidature: Emmanuel Macron? Ce scénario, vu de l’étranger, paraît assez plausible, vu l’éclatement du paysage politique et le solide socle électoral du président sortant, pourtant décrié par une partie de la population. Mais, à trois mois pile du second tour de ce scrutin dont tout découle, dans l’édifice si présidentiel qu’est la Ve République, plusieurs inconnues perturbent l’équation des urnes. A commencer par l’accueil que les 47,9 millions d’électeurs réserveront à leur président sortant lorsqu’il sera dans l’arène…
Impossible pour Emmanuel Macron, en effet, de revendiquer cinq ans après la «disruption» qu’il avait si bien su théoriser en 2017 pour s’affranchir du clivage gauche-droite. Impossible aussi, pour le chef de l’Etat – qui a fêté le 21 décembre ses 44 ans –, de se dissocier de toutes les facettes de son quinquennat, des promesses de réformes non tenues, et du lourd bilan de son mandat en termes de colères sociales et catégorielles. Impossible, enfin, d’oublier «l’effet pandémie», alors que le nouveau «passe vaccinal» entre en vigueur ce lundi en France, fermant la porte des lieux publics et des trains grandes lignes aux millions de citoyens qui refusent toujours de se faire immuniser. Ils étaient encore près de 40 000 «antivax» ce samedi dans les rues. Qu’attendre, dès lors, de ces trois prochains mois de campagne jusqu’au premier tour, le 10 avril? Voici, pour commencer notre série de plongées dans la société française à l’aube de cette présidentielle, quelques clés pour en décrypter la dynamique et les enjeux.