Depuis la création de France 24 en 2006, une compétition oppose la chaîne francophone TV5 à la chaîne d’information continue, qui diffuse également en anglais et en arabe. Qui pour servir de vitrine francophone? La réponse pourrait bien être budgétaire. Et signée Emmanuel Macron…

Selon une note diffusée après l’annonce, le 4 juin, de la prochaine réforme de l’audiovisuel public français par la ministre de la Culture, Françoise Nyssen, TV5 Monde pourrait perdre 38 millions d’euros sur un budget annuel de 115 millions, dans un contexte d’économies d’environ 700 millions d’ici à 2022 pour l’ensemble des sociétés concernées (France Télévisions, Radio France, France Médias Monde qui regroupe RFI et France 24). Cette amputation drastique de la chaîne généraliste francophone créée en 1984 – dont la SSR détient, comme la RTBF belge, 11% du capital (les 11% canadiens étant répartis entre Radio-Canada et Télé-Québec) – pourrait s’accompagner de 200 suppressions d’emplois sur 400. Bien plus qu’à France 24…

Les autorités suisses pas encore informées

Du côté français, l’ampleur des coupes n’est pas surprenante. Emmanuel Macron estime bien trop élevé le budget de 4,5 milliards d’euros annuel de l’audiovisuel public, au moment où l’audience des chaînes «linéaires» ne cesse de baisser. Au Ministère de la culture, où l’on prépare trois projets de loi pour 2019 – gouvernance, régulation du numérique, réforme de la redevance (138 euros annuels) –, la votation suisse du 4 mars est aussi citée: «L’équation service public = dépenses incompressibles est caduque, confie un expert du dossier. Imaginer encore plus de passerelles entre TV5, France 24, RFI et les chaînes nationales ne doit pas être tabou. Internet rebat toutes les cartes.»

Les autorités suisses n’ont pas encore été informées des changements envisagés à TV5 Monde, où les syndicats se mobilisent. Le sujet s’invitera au sommet de l’Organisation internationale de la francophonie à Erevan (Arménie) en octobre 2018. Un sommet où se jouera la possible succession de la Canadienne Michaëlle Jean, dont le poste de secrétaire générale est convoité par la cheffe de la diplomatie du Rwanda, Louise Mushikiwabo. Des discussions auront aussi lieu en marge du sommet de l’Union africaine à Nouakchott (Mauritanie) les 1er et 2 juillet, où se rendra Emmanuel Macron.