Un ex-député russe, Denis Voronenkov, réfugié en Ukraine et recherché par la Russie pour «escroquerie», a été tué jeudi par balle dans le centre de Kiev, a annoncé la police de la capitale ukrainienne à la télévision.

Il avait notoirement témoigné devant le parquet ukrainien contre l’ancien président ukrainien Viktor Ianoukovitch, chassé du pouvoir par le soulèvement proeuropéen du Maïdan en février 2014.

Vers 11h30 locales (10h30, heure suisse), «une fusillade a eu lieu devant l’hôtel Premier Palace, une personne est morte, deux ont été blessées et sont hospitalisées», a déclaré Andreï Grichtchenko, patron de la police de Kiev, interrogé par la chaîne de télévision ukrainienne 112 Ukraïna.

«Nous avons déjà établi l’identité de la victime. Il s’agit d’un homme politique russe, ancien député de la Douma (chambre basse du Parlement russe). Oui, je confirme que c’est Denis Voronenkov», a-t-il continué.

La piste d’un assassinat commandité

La piste d’un assassinat commandité est retenue par les enquêteurs, dépêchés sur place, a-t-il déclaré.

Les premiers résultats de l’enquête établissent que l’ex-député est sorti de l’hôtel «avec son garde du corps» et qu'«un inconnu a ouvert le feu», selon un communiqué de la police de Kiev.

En octobre 2016, Denis Voronenkov, ancien député communiste, avait fui en Ukraine avec sa femme Maria Maksakova, députée du parti présidentiel Russie unie et chanteuse d’opéra.

Il a reçu en décembre la citoyenneté ukrainienne après avoir témoigné contre Viktor Ianoukovitch, chassé du pouvoir par le soulèvement proeuropéen du Maïdan en février 2014, et réfugié en Russie.

Par ailleurs, Denis Voronenkov est recherché par le Comité d’enquête russe, qui l’accuse d'«escroquerie» pour des faits remontant au début des années 2010.

Il avait également été accusé de corruption par le Fonds de lutte contre la corruption (FBK), dirigé par l’opposant russe Alexeï Navalny.

Un acte de terrorisme pour Kiev

«L’assassinat perfide dans le centre de Kiev de Denis Voronenkov est un acte de terrorisme d’Etat de la part de la Russie, qu’il avait dû quitter pour ses convictions politiques», a déclaré dans un communiqué le président ukrainien Petro Porochenko.

«Les élucubrations que nous entendons déjà à propos de la soi-disant piste russe sont absurdes», a répondu le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, cité par les agences russes, disant espérer que les commanditaires soient retrouvés.

Cet assassinat intervient alors que les relations entre Kiev et Moscou traversent une phase tendue. Les autorités ukrainiennes ont récemment interdit à la candidate russe de l’Eurovision d’entrer sur le territoire ukrainien pour le concours, le 13 mai.

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