«L’immigration hors de contrôle mène au chaos, à la colère, à l’affrontement social.» Matteo Salvini est le seul politicien italien de premier plan à ne pas répondre à l’appel général «au calme et à la responsabilité». Le secrétaire de la Ligue, qui a supprimé le «Nord» de nom de son parti d’extrême droite afin de répondre à ses ambitions nationales, considère l’immigration comme responsable de la fusillade de samedi à Macerata, dans le centre de l’Italie.

Six personnes ont été blessées par un homme ayant ouvert le feu depuis sa voiture. Une trentaine de coups de feu ont retenti deux heures durant dans les rues de la petite localité. Le tireur, âgé de 28 ans, a été arrêté sans opposer de résistance. Il s’était recouvert les épaules du drapeau italien et, selon des témoins relayés par la presse transalpine, a fait le salut fasciste peu avant son arrestation. Toutes ses victimes sont originaires de pays africains, choisies seulement pour leur couleur de peau.

Fortes tensions autour de la question de l’immigration

Cet acte de violence est lié à un fait divers qui a choqué le pays quelques jours plus tôt. Le corps d’une jeune Romaine de 18 ans avait été retrouvé coupé en deux non loin de la ville. L’accusé est un Nigérian. Aujourd’hui en prison, il habitait le quartier où la fusillade a eu lieu.

«Il s’agit d’un acte terroriste raciste» et non du «geste d’un fou», a lâché lors d’un meeting Pietro Grasso, président du Sénat et candidat aux élections législatives du 4 mars prochain. Le drame est sur les lèvres de tous les politiciens. Il intervient en effet en pleine campagne électorale. Il révèle les fortes tensions qui règnent autour de la question de l’immigration.

Ancien candidat dans les rangs de la Ligue

Les doigts se sont tout de suite tournés vers Matteo Salvini, accusé d’entretenir un discours de haine sur le sujet. Le tireur s’était porté candidat dans les rangs de sa Lega un an plus tôt lors d’élections communales. L’homme au crâne rasé, une Wolfsangel – un symbole nazi – tatouée sur l’arcade sourcilière, est proche du milieu néofasciste. Une copie de Mein Kampf a été retrouvée à son domicile.

Le secrétaire fédéral de la Ligue est le principal porte-parole anti-immigration de la droite italienne. Son parti forme avec Forza Italia de Silvio Berlusconi une coalition donnée gagnante aux prochaines élections par les sondages. Il est aussi le «mandataire moral» de l’attaque de samedi, dénonce le journaliste et écrivain Roberto Saviano, qui s’en prend à ses «paroles inconsidérées». Le ton doit être baissé, prévient le ministre de l’Intérieur, car «le risque que la haine provoque de nouvelles violences est très élevé».