One of the headlines of the #UKElection night - the SNP is dominating in Scotland https://t.co/pKS5N3cxbe pic.twitter.com/ZcgNFepjww
— BBC World Service (@bbcworldservice) 13 décembre 2019
En Irlande du Nord, la nuit a été cruelle pour les unionistes (en faveur du maintien dans le Royaume-Uni). Pour la toute première fois, ils perdent leur majorité parlementaire face aux partis nationalistes (en faveur de l’unification de l’Irlande): les premiers ont huit sièges, les seconds en ont neuf (un siège va au parti Alliance, non communautaire).
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Référendum écossais peu probable
Au cœur de la nuit, le visage fermé, Jo Swinson, la leader des libéraux-démocrates, a dû reconnaître sa défaite dans sa circonscription écossaise de Dunbartonshire-Est, non loin de Glasgow, passée aux mains du SNP. «Une vague de nationalisme balaie les deux côtés de la frontière», dénonce-t-elle. La carte électorale est en effet saisissante: indépendantiste et anti-Brexit en Ecosse, conservatrice et pro-Brexit en Angleterre.
Le raz-de-marée du SNP est moins fort qu’en 2015, quand le parti avait gagné 56 sièges, mais la victoire n’en est pas moins complète. L’opposition écossaise reste représentée par les conservateurs, mais avec seulement six sièges. Les travaillistes, pour lesquels l’Ecosse était autrefois un bastion, n’ont plus qu’un seul député.
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«Un mandat renouvelé»
Nicola Sturgeon avait mené sa campagne autour d’un deuxième référendum d’indépendance et estime qu’elle a désormais «un mandat renouvelé» pour l’organiser. «Ce résultat souligne l’importance que l’Ecosse puisse choisir quelque chose de différent. Je ne prétends pas que tous les électeurs du SNP voteront pour l’indépendance, mais c’est un soutien clair pour que l’Ecosse ait le choix de son avenir, pour ne pas avoir à accepter un gouvernement conservateur pour lequel nous n’avons pas voté, et ne pas avoir à accepter que notre nation soit hors de l’UE.»
Nicola Sturgeon et Boris Johnson, le premier ministre, sont maintenant en confrontation directe. Ce dernier a toujours rejeté l’idée d’organiser un nouveau référendum, estimant que celui de 2014 avait permis de trancher le débat (vote à 55% pour rester dans le Royaume-Uni). Or, constitutionnellement, l’Ecosse a besoin de l’approbation du parlement de Westminster pour organiser une nouvelle consultation populaire. Un référendum non reconnu par Londres peut-il être organisé, comme l’a fait la Catalogne en Espagne?
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Pour l’instant, ce scénario demeure peu probable, le SNP ayant toujours demandé que le scrutin soit officiel.Depuis 2014, le SNP a fait patienter ses militants, voyant que les sondages en faveur de l’indépendance n’ont pas changé, restant entre 45% et 50% de soutien. Mais après cette élection législative, alors que le Brexit va avoir lieu de façon presque certaine le 31 janvier, l’attentisme va difficilement pouvoir se prolonger. D’autant que les élections pour le parlement écossais auront lieu en 2021 et que Nicola Sturgeon a besoin d’avancer sur ce dossier brûlant.
Basculement symbolique en Irlande du Nord
En Irlande du Nord, les demandes d’un référendum d’unification sont beaucoup moins avancées, mais le basculement du pouvoir est symbolique. Le Democratic Unionist Party (DUP), qui avait dix sièges (sur 18), en perd deux, chacun à Belfast. Grâce à un système d’alliance, les nationalistes remportent neuf sièges – sept pour le Sinn Féin et deux pour le Social Democratic and Labour Party (SDLP).
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Le symbole de la nuit a été la défaite de Nigel Dodds, le numéro deux du DUP et leader du groupe parlementaire à Westminster. Son siège est remporté par John Finucane, un élu du Sinn Féin dont le père avait été assassiné par un groupe loyaliste en 1989.En Ecosse comme en Irlande du Nord, la tenue d’un référendum est loin d’être assurée, et rien ne dit que les populations voteront en faveur d’une sécession du Royaume-Uni. Mais désormais, les cultures et identités politiques sont très éloignées de celles de l’Angleterre.