L’Union européenne (UE) s’apprête à prendre la décision historique de libéraliser son régime des visas pour les citoyens turcs. Sauf accident de dernière minute, une annonce dans ce sens sera faite ce mercredi à l’issue de la réunion hebdomadaire de la Commission. Selon diverses sources, le feu vert sera donné malgré le fait qu’Ankara n’a satisfait, à ce stade, que 62 des 72 critères imposés par l’UE pour bénéficier d’une telle facilité. Celle-ci doit entrer en vigueur dès le 1er juillet prochain.

La décision européenne interviendra dans le cadre de l’accord signé le 18 mars dernier sur la gestion commune des flux migratoires. Ankara s’est engagé à couper la route aux réfugiés voulant se rendre en Europe à partir de son territoire, contre la libéralisation des visas et l’accélération des négociations pour une éventuelle adhésion à l’UE. La Turquie accueille à présent près de 3 millions de réfugiés.

Concrètement, la Commission fera un état des lieux du progrès accompli par la Turquie pour remplir les conditions requises. En conclusion, elle adressera une recommandation au Conseil européen ainsi qu’au Parlement en faveur de la demande turque et aux parlements nationaux.

Le Conseil a déjà donné son accord de principe le 18 mars dernier. La semaine dernière, les députés avaient clairement indiqué qu’ils ne feraient aucune concession en matière de respect par les autorités turques du droit humain, de la liberté d’expression et des droits des minorités. Mais le conservateur Manfred Weber, chef du premier groupe parlementaire, a plaidé que l’UE devait respecter son accord avec la Turquie, quitte à introduire une clause de sauvegarde.

La Commission proposerait en effet une telle clause qui lui permettrait de suspendre la libéralisation des visas au cas où la partie turque ne tiendrait pas ses engagements. L’Allemagne et la France auraient pris l’initiative afin d’apaiser les craintes exprimées de part et d’autre.

C’est ainsi que les voyageurs turcs n’auront plus besoin de visa pour les affaires, le tourisme ou des raisons familiales pour une période maximale de trois mois, renouvelable après cent quatre-vingts jours. Les Turcs doivent être munis de passeports biométriques.

Ankara doit encore signer un accord de réadmission de ses citoyens en situation illégale en Europe. Enfin, la réciprocité pour les citoyens européens voulant voyager en Turquie sera automatique, y compris pour les Chypriotes grecs. Le Hurriyet Daily News, journal turc en ligne a relevé mardi que cette facilité ne doit pas être interprétée comme une reconnaissance de Chypre.