Crise ukrainienne
Le président russe a annoncé officiellement la reconnaissance de l’indépendance des territoires séparatistes prorusses. Il demande à l’Ukraine de cesser toute opération militaire pour éviter la «poursuite de l’effusion de sang». Les Occidentaux condamnent et annoncent des sanctions, alors que le Conseil de sécurité a tenu une réunion urgente. Notre suivi

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- Un reportage: Dans le Donbass, les habitants poussés à fuir
- Une analyse: La longue liste des ingérences russes
L’essentiel
Vladimir Poutine a décidé, lundi, de reconnaître l’indépendance des territoires séparatistes prorusses d’Ukraine, et a signé dans la foulée des accords «d’amitié et d’entraide». Une décision condamnée par les Occidentaux qui promettent d’agir avec «fermeté» et des sanctions.
Une réunion urgente du Conseil de sécurité s’est tenue dans la nuit à New York. Plus tôt dans la journée, une rencontre Blinken-Lavrov était confirmée. Elle devrait avoir lieu ce jeudi à Genève. Les récentes déclarations du président russe pourraient bousculer la marche diplomatique.
■ De «nouvelles sanctions» américaines contre la Russie annoncées dès mardi
«Nous prévoyons d’annoncer de nouvelles sanctions contre la Russie demain en réponse aux décisions et actions de Moscou aujourd’hui. Nous nous coordonnons avec nos alliés et partenaires pour cette annonce», a déclaré lundi à l’AFP un porte-parole de la Maison-Blanche.
■ Le Conseil de sécurité tient une réunion urgente
La réunion urgente du Conseil de sécurité de l’ONU a démarré à 21 heures à New York (3 heures du matin en Suisse). La secrétaire générale adjointe pour les Affaires politiques, Rosemary DiCarlo, a, en préambule, vivement «regretté» la décision russe de reconnaître l’indépendance des républiques sécessionnistes ukrainiennes, comme «l’ordre de déployer des troupes russes dans l’est de l’Ukraine». Et d’ajouter: «Les prochaines heures et jours seront critiques. Le risque de conflit majeur est réel et doit être évité à tout prix». Le Secrétaire général António Guterres a annulé un déplacement pour revenir à New York.
Pour l’ambassadrice des Etats-Unis, Linda Thomas-Greenfield, la désignation de l’armée russe par Poutine comme «force de maintien de la paix» pour justifier son entrée dans les territoires séparatistes de l’est de l’Ukraine est «un non-sens».
Lors de la séance, plusieurs membres du Conseil de sécurité ont condamné les agissements de la Russie, à l’instar de la France, de la Norvège ou de l’Irlande. «Qui est le prochain» à devoir être envahi, a demandé l’ambassadeur albanais, en condamnant «une rupture du droit international».
Tout en demandant à Moscou d’annuler sa décision de reconnaissance des territoires sécessionnistes ukrainiens, l'ambassadeur de l’Ukraine, Sergiy Kyslytsya, a lui assuré que «les frontières internationalement reconnues» de son pays «resteront inchangées, peu importe les déclarations et les actions de la Russie».
De son côté, la Russie ne ferme pas la porte à la «diplomatie», a assuré son ambassadeur Vassily Nebenzia. «Pour autant, nous n’avons pas l’intention de permettre un bain de sang dans le Donbass», a-t-il ajouté.
■ Les diplomates américains quittent l’Ukraine
Le Secrétaire d’Etat Antony Blinken fait savoir que les diplomates américains en Ukraine sont déplacés en Pologne pour des «raisons de sécurité». Ils y passeront la nuit.
NEW: Blinken confirms State Department officials in Ukraine will spend the night in Poland pic.twitter.com/ZSlB3Btnhh
— John Hudson (@John_Hudson) 22 février 2022
■ Zelensky n’a «peur de rien ni de personne»
Dans une adresse à la nation, le président ukrainien Volodymyr Zelensky dénonce une violation de «la souveraineté et de l’intégrité territoriale» de l’Ukraine après la reconnaissance l’indépendance des deux «républiques» séparatistes du Donbass par Moscou. «Les Ukrainiens sont sur leurs terres, a-t-il ajouté. Ils n’ont «peur de rien, ni de personne» et ne céderont pas «une seule parcelle du pays». Alors que le ballet diplomatique se poursuit, il dit attendre un soutien «clair» et «efficace» de la part des alliés occidentaux.
■ La Suisse aussi réagit
La Suisse a dénoncé dans un tweet une violation flagrante du droit international. Elle appelle la Russie à respecter ses engagements internationaux. Et demande également à Moscou d’annuler ses actions, écrit le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) dans son message.
Switzerland's statement on recent developments in #Ukraine pic.twitter.com/NkcOvyUZzn
— Swiss MFA (@SwissMFA) 21 février 2022
■ «Tant que les chars russes ne seront pas en mouvement»
Alarmisme assumé et fermeté, avec des menaces de sanctions massives en cas d’invasion: c’est la stratégie de la Maison-Blanche depuis plusieurs jours. Que fait Washington maintenant? Les Etats-Unis vont «évaluer» les prochains mouvements russes avant d’adopter toute nouvelle mesure de rétorsion contre Moscou. C’est ce que vient de déclarer un haut responsable de la Maison Blanche.
Washington poursuivra ses efforts diplomatiques «tant que les chars russes ne seront pas en mouvement», selon la source. Sans dire explicitement quelles manœuvres militaires pourraient être qualifiées d’invasion.
■ Qui assure la présidence tournante du Conseil de sécurité? La Russie
Les membres occidentaux du Conseil de sécurité ont demandé une réunion d’urgence lundi soir, a appris l’AFP auprès de diplomates. Les Etats-Unis, la France, le Royaume-Uni, l’Irlande et l’Albanie sont à l’origine de la requête. Ils appuient une demande de l’Ukraine, exprimée à travers une lettre adressée à l’ONU. Il revient à la présidence tournante du Conseil de programmer formellement la réunion. Or elle est assurée en février par… La Russie.
■ Plus de 3200 violations de la trêve
Plus de 3200 nouvelles violations de la trêve dans l’est de l’Ukraine en 48 heures: ce sont les derniers calculs d’observateurs de l’OSCE. 2158 ont été recensées dans la région de Donetsk et 1073 dans celle de Lougansk, tenues en partie par les séparatistes prorusses en guerre contre Kiev.
■ La «dérive idéologique de Poutine» dénoncée par l’Elysée
Vladimir Poutine est dans «une sorte de dérive idéologique» et a tenu lundi un discours mêlant des considérations «rigides et paranoïaques», a commenté l’Elysée. Il a «fait un choix très clair de rompre ses engagements» et «n’a pas respecté la parole donnée» à Emmanuel Macron.
Lors d’un entretien téléphonique, le chancelier allemand Olaf Scholz, le président américain Joe Biden et le président français ont confirmé que la décision de Poutine «ne resterait pas sans réponse». Selon un communiqué allemand, les trois dirigeants sont «d’accord pour dire que cette mesure unilatérale de la Russie constitue une violation claire des accords de Minsk».
■ Nouveau contact entre Joe Biden et son homologue ukrainien
Ce que précise le communiqué de la Maison-Blanche, après un nouvel échange entre Joe Biden et Volodymyr Zelensky:
«Le président Joseph R. Biden Jr. s’est entretenu aujourd’hui avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky pour réaffirmer l’engagement des États-Unis envers la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine. Le président Biden a fermement condamné la décision du président russe Poutine de reconnaître soi-disant l’«indépendance» des régions ukrainiennes dites DNR et LNR. Il a informé le président Zelensky de la réponse des États-Unis, y compris de notre intention d’imposer des sanctions. Le président Biden a réaffirmé que les États-Unis répondraient de manière rapide et décisive, en accord avec leurs alliés et partenaires, à toute nouvelle agression russe contre l’Ukraine».
■ Le président russe ordonne à l’armée «de maintenir la paix» dans les territoires séparatistes de Donestk et Lougansk
Vladimir Poutine a ordonné lundi soir à l’armée russe de «maintenir la paix» dans les territoires séparatistes prorusses d’Ukraine dont il a reconnu l’indépendance.
Les deux décrets du président russe demandent au ministère de la Défense que «les forces armées de la Russie (assument) les fonctions de maintien de la paix sur le territoire» des «républiques populaires» de Donetsk et Lougansk.
Aucun calendrier de déploiement ni son ampleur n’ont été précisés dans ces documents, qui tiennent chacun en une page et ont été publiés sur le site de la base de données russe des textes de droit.
Cet ordre intervient alors que le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, dénonce «une violation de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de l’Ukraine», «incompatible avec les principes de la Charte des Nations unies». Il a annulé un voyage en raison de l’urgence de la situation.
Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a de son côté estimé que la reconnaissance des territoires séparatistes méritait une réponse «ferme» et «rapide». «Cette décision est un rejet complet des engagements pris par la Russie dans le cadre des accords de Minsk et contredit directement l’engagement prétendu de la Russie envers la diplomatie», a-t-il dénoncé lundi soir.
■ Emmanuel Macron demande une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU
Le président français Emmanuel Macron condamne la décision de Vladimir Poutine de reconnaître l’indépendance des régions séparatistes prorusses de l’Est de l’Ukraine, et réclamé des «sanctions européennes ciblées» à l’encontre de Moscou, selon un communiqué de l’Elysée.
Le président français a demandé «une réunion d’urgence du Conseil de sécurité des Nations unies», en dénonçant «une violation unilatérale des engagements internationaux de la Russie et une atteinte à la souveraineté de l’Ukraine», a précisé la présidence dans un communiqué.
Emmanuel Macron « demande une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU ainsi que l’adoption de sanctions européennes ciblées » (communiqué Elysée) pic.twitter.com/LwzBgcD9dU
— Thomas Wieder (@ThomasWieder) 21 février 2022
■ Joe Biden, Emmanuel Macron et Olaf Scholz échangent par visioconférence
La présidence américaine a fait savoir qu’un appel entre Joe Biden, le président français Emmanuel Macron et le chancelier allemand Olaf Scholz avait débuté à 20h17.
■ L’Union européenne prépare un paquet de sanctions
L’Union européenne va sanctionner «ceux qui sont impliqués» dans la décision de reconnaître l’indépendance des régions séparatistes. Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a annoncé son intention de soumettre aux ministres des Affaires étrangères de l’UE des mesures prévues dans le paquet de sanctions préparé en cas d’agression militaire de l’Ukraine par la Russie. «S’il y a annexion, il y aura des sanctions et s’il y a reconnaissance, je mettrai les sanctions sur la table et les ministres décideront», a-t-il précisé.
«Nous avons un paquet. Il y a différentes mesures et le degré de leur mise en œuvre dépend du niveau d’agression», a précisé Josep Borrell. Les sanctions européennes doivent être décidées à l’unanimité et «l’unanimité sur le dossier de l’Ukraine est garantie», a-t-il affirmé.
Des consultations sont en cours entre les dirigeants des pays de l’UE depuis le début de l’intervention du président russe et des décisions sont attendues si Vladimir Poutine va plus loin, a-t-on indiqué de source européenne. La convocation d’un sommet européen extraordinaire est envisagée en cas d’agression militaire russe en Ukraine, a-t-on précisé.
La Commission européenne a préparé des options de sanctions économiques et financières et les services de Josep Borrell des sanctions ciblées permettant de frapper des oligarques proches de Vladimir Poutine. «Si Vladimir Poutine déclenche une guerre, nous répondrons avec le levier le plus puissant dont nous disposons: des sanctions économiques et financières, car l’économie est le point faible de la Russie», a déclaré dimanche la présidente de la Commission européenne, dans un entretien accordé à la chaîne de télévision allemande ARD.
■ La Maison-Blanche promet des sanctions rapides
«Nous avons anticipé une telle action de la part de la Russie et sommes prêts à y répondre immédiatement. Le président Biden va bientôt publier un décret qui interdira tout nouvel investissement, commerce et financement par des personnes américaines à destination, en provenance ou dans les régions ukrainiennes dites DNR et LNR. Ce décret donnera également le pouvoir d’imposer des sanctions à toute personne dont il est établi qu’elle opère dans ces régions de l’Ukraine. Le Département d’Etat et le Département du Trésor fourniront des détails supplémentaires sous peu. Nous annoncerons également sous peu des mesures supplémentaires liées à la violation flagrante, aujourd’hui, des engagements internationaux de la Russie», a déclaré la porte-parole de la Maison-Blanche, Jen Psaki.
■ L’OTAN condamne la décision de Moscou
Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a condamné lundi la reconnaissance par Moscou de l’indépendance des régions séparatistes en Ukraine et a appelé la Russie à «choisir la voie de la diplomatie».
«Je condamne la décision de la Russie», a déclaré Jens Stoltenberg dans un communiqué. «Les Alliés demandent instamment à la Russie, dans les termes les plus forts, de choisir la voie de la diplomatie, de renoncer immédiatement à son renforcement militaire massif en Ukraine et autour de l’Ukraine, et de retirer ses forces conformément à ses obligations et engagements internationaux».
■ La signature du décret en images
🔴 Les médias russes diffusent des images de Vladimir Poutine signant les décrets de reconnaissance russes de l'indépendance de ces territoires.
— franceinfo plus (@franceinfoplus) February 21, 2022
📸 Eyepress via AFP pic.twitter.com/p1ZAYCcQuF
■ Vladimir Poutine intime à l’Ukraine de «cesser les opérations militaires»
Le président russe a intimé à l’Ukraine de cesser immédiatement «ses opérations militaires» contre les séparatistes prorusses dont Vladimir Poutine a reconnu l’indépendance lundi soir.
«Quant à ceux qui ont pris le pouvoir à Kiev et qui le gardent, nous exigeons d’eux l’arrêt immédiat des opérations militaires, autrement toute la responsabilité de la poursuite de l’effusion de sang reposera totalement sur la conscience du régime en territoire ukrainien», a-t-il dit à l’issue d’une longue allocution à la Nation.
■ L’UE promet de réagir avec «fermeté»
L’Union européenne a dénoncé la reconnaissance de l’indépendance des régions séparatistes par Moscou comme une «violation flagrante du droit international» et va réagir «avec fermeté», ont annoncé lundi les chefs de l’UE après l’intervention du président Vladimir Poutine.
«La reconnaissance des deux territoires séparatistes en #Ukraine est une violation flagrante du droit international, de l’intégrité territoriale de l’Ukraine et des accords de #Minsk. L’UE et ses partenaires réagiront avec unité, fermeté et détermination en solidarité avec l’Ukraine», ont affirmé dans deux tweets séparés le président du Conseil européen, Charles Michel, et la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen.
The recognition of the two separatist territories in #Ukraine is a blatant violation of international law, the territorial integrity of Ukraine and the #Minsk agreements.
— Ursula von der Leyen (@vonderleyen) 21 février 2022
The EU and its partners will react with unity, firmness and with determination in solidarity with Ukraine.
■ Boris Johnson dénonce une «violation flagrante de la souveraineté» de l’Ukraine
Le Premier ministre britannique Boris Johnson a dénoncé lundi la reconnaissance de l’indépendance des régions séparatistes en Ukraine par Moscou comme «une violation flagrante de la souveraineté» du pays et une «répudiation» des accords de paix de Minsk.
«C’est clairement contraire au droit international. C’est une violation flagrante de la souveraineté et de l’intégrité de l’Ukraine, c’est une répudiation des accords de Minsk», a déclaré Boris Johnson lors d’une conférence de presse, y voyant un «mauvais présage» pour la situation en Ukraine.
■ Vladimir Poutine promet de répondre «par la force»
Dans son discours, Vladimir Poutine affirme que les Occidentaux n’ont pas écouté ses demandes, que l’Ukraine n’intègre jamais l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) et le retrait de l’Alliance des pays d’Europe de l’Est: «Ces réponses ne conviennent pas à nos attentes.»
«Nous ne voulons pas abandonner notre souveraineté. Nous avons nous aussi le droit d’assurer notre sécurité, c’est de cette manière dont nous allons agir», a-t-il lancé après avoir agité le spectre d’une Ukraine qui chercherait à obtenir l’arme nucléaire avec l’appui des Occidentaux. «Nous ne pouvons pas ne pas répondre à cette menace évidente! Nous savons que les protecteurs de l’Ukraine peuvent aider Kiev à se doter de l’arme nucléaire.»
■ Vladimir Poutine charge l’Ukraine, «un régime de marionnette» au service des Américains
Le président russe s’exprime sur la crise à la télévision. Durant son allocution, il a lancé plusieurs charges contre l’Ukraine, parlant d’une colonie américaine avec «un régime de marionnette», selon une traduction proposée par Le Monde.
«L’Ukraine n’a pas réussi à construire un Etat fort et est devenue la proie de responsables oligarchiques. Les radicaux qui sont arrivés au pouvoir en Ukraine ont organisé une véritable terreur vis-à-vis de ce mouvement anticonstitutionnel. […] Nous ferons tout pour punir ses responsables», a-t-il déclaré.
■ Vladimir Poutine va reconnaître l’indépendance des séparatistes prorusses d’Ukraine
Le Kremlin a indiqué lundi soir que Vladimir Poutine allait reconnaître l’indépendance des territoires séparatistes prorusses de l’est de l’Ukraine. «Un décret en ce sens sera signé sous peu», a indiqué la présidence russe. Selon la même source, Vladimir Poutine a informé de cette décision son homologue français Emmanuel Macron et le chancelier allemand Olaf Scholz, médiateurs dans le conflit de l’est ukrainien, et ceux-ci ont, selon le Kremlin, «exprimé leur déception».
Lire aussi: Un décret de Poutine signe la mort des accords de Minsk
En réaction à ces annonces, le président ukrainien Volodymyr Zelensky s’est entretenu en urgence avec les dirigeants français et allemand et a convoqué le Conseil national de sécurité et de défense. Emmanuel Macron a également convoqué un Conseil de défense urgent.
Given the statements made at the meeting of the Security Council of the Russian Federation, I held urgent consultations with @EmmanuelMacron and @OlafScholz and convened the National Security and Defense Council.
— Володимир Зеленський (@ZelenskyyUa) 21 février 2022
■ L’Allemagne condamne le projet de reconnaissance des régions séparatistes
La reconnaissance de l’indépendance des régions séparatistes en Ukraine par la Russie constituerait «une rupture unilatérale» des accords de Minsk de 2015, a jugé lundi le chancelier allemand Olaf Scholz à l’issue d’un entretien téléphonique avec Vladimir Poutine, qui doit faire une déclaration imminente.
Face à la gravité de la situation, le dirigeant allemand menait également des entretiens d’urgence avec le président français Emmanuel Macron, le président ukrainien Volodymyr Zelensky et «les partenaires les plus étroits» de l’Allemagne, a précisé le porte-parole du gouvernement, Steffen Hebestreit. L’Union européenne se dit également «prête à réagir».
■ Un civil aurait été tué par un bombardement séparatiste dans l’est
Un civil a été tué par un bombardement des séparatistes prorusses dans l’est de l’Ukraine, a annoncé lundi le gouverneur régional. La victime, un homme né en 1970, a été tuée dans le village de Novolouganské, à une trentaine de kilomètres du bastion rebelle de Donetsk, a précisé sur Facebook le gouverneur Pavlo Kyrylenko.
Le bombardement a aussi provoqué une coupure de l’électricité et du chauffage et endommagé une conduite de gaz dans le village, selon la même source. Une multiplication des violences est observée depuis plusieurs jours dans l’est de l’Ukraine, sur la ligne de front avec les séparatistes prorusses soutenus par Moscou. Des tensions qui pourraient, selon les Occidentaux, préfigurer une offensive de grande ampleur contre l’Ukraine.
■ Forte baisse du rouble et de la bourse russe
La bourse russe et le rouble ont subi de lourdes pertes lundi au fur et à mesure que la situation se dégradait entre l’Ukraine et la Russie, Vladimir Poutine envisageant de reconnaître l’indépendance des séparatistes de l’Est de l’Ukraine. L’indice principal de la bourse de Moscou, le RTS (libellé en dollars), a terminé la journée sur un plongeon de plus de 13% à la fermeture (16h30 en Suisse) et de plus de 24% depuis le début de l’année. L’IMoex, libellé en roubles, chutait, lui, de plus de 10% à la même heure.
Dans la journée, la devise russe a également dévissé. Le rouble a brièvement passé la barre des 90 roubles pour un euro (90,3) avant de se stabiliser autour de 89,5 roubles/euro. Face au dollar, le rouble a culminé à 79,7 le dollar avant de redescendre à 79,1 roubles/dollar. Le marché des changes a frôlé sans les dépasser les records du 26 janvier qui avaient provoqué une intervention de la Banque centrale.
■ L’Ukraine demande une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU
L’Ukraine a demandé lundi une réunion «immédiate» du Conseil de sécurité de l’ONU face à la menace d’une invasion russe. «A la demande du président Volodymyr Zelensky, je demande officiellement des consultations immédiates des membres du Conseil de sécurité de l’ONU au nom de l’article 6 des mémorandum de Budapest», a tweeté le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kouleba. La demande se fonde sur un accord de 1994 garantissant l’intégrité et la sécurité de l’ex-république soviétique en échange de l’abandon des armes nucléaires héritées de l’URSS.
■ Valdimir Poutine va décider «aujourd’hui» s’il reconnaît les séparatistes prorusses
Le président russe a déclaré qu’il déciderait ce lundi si la Russie allait reconnaître l’indépendance des deux territoires séparatistes de l’est de l’Ukraine, une décision qui risque de mettre fin au processus de paix dans ce conflit. «J’ai entendu vos opinions, la décision sera prise aujourd’hui», a dit Vladimir Poutine aux membres de son Conseil de sécurité, à l’issue d’une réunion retransmise en différé à la télévision russe et qui a eu lieu en début d’après-midi.
Au cours de cette rencontre chorégraphiée, le Premier ministre Mikhaïl Michoustine, les ministres des Affaires étrangères Sergueï Lavrov et de la Défense Sergueï Choïgou, l’ex-président russe, Dmitri Medvedev, ou encore les chefs des services de renseignement et des chambres du Parlement se sont exprimés. La plupart ont estimé que le temps était venu de reconnaître ces régimes séparatistes, dont la Russie est accusée depuis huit ans d’être le parrain. La reconnaissance de la souveraineté de ces régions rebelles marquerait donc la fin du processus de paix et Moscou prendrait alors officiellement sous son aile les territoires concernés.
■ Pour Poutine, les accords de Minsk n’ont «aucune perspective»
Les accords de paix de Minsk sur le conflit opposant l’Ukraine à des séparatistes prorusses n’ont aucune perspective de mise en oeuvre, a jugé lundi le président Vladimir Poutine, accusant Kiev de les saboter. «Nous avons bien compris qu’ils n’ont absolument aucune perspective», a-t-il dit, au cours d’une réunion du Conseil de sécurité russe, retransmise en différé à la télévision russe. Cette remarque faisait suite à une présentation de son chargé des négociations de paix en Ukraine, Dmitri Kozak, selon lequel le processus de négociation «est au point mort depuis 2019» et «jamais» les autorités ukrainiennes ne mettront en œuvre les accords.
■ Une nouvelle rencontre Blinken-Lavrov doit avoir lieu ce jeudi à Genève
Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a annoncé lundi qu’il devait rencontrer jeudi à Genève son homologue américain Antony Blinken. «Une telle rencontre est prévue le 24 février à Genève», a-t-il dit, lors d’une réunion du Conseil de sécurité russe consacrée à la crise ukrainienne et présidée par Vladimir Poutine.
■ Les territoires séparatistes demandent à la Russie de reconnaître leur indépendance
Les dirigeants des deux territoires séparatistes de l’Est de l’Ukraine ont appelé lundi le président russe Vladimir Poutine à reconnaître leur indépendance et à mettre en place une «coopération en matière de défense». Ces appels, coordonnés et diffusés à la télévision russe, ont été lancés par les dirigeants de la «République populaire de Donetsk» et de celle de Lougansk, Denis Pouchiline et Léonid Passetchnik.
Le président russe a en retour déclaré que la Russie étudiait la demande formulée par les deux territoires de reconnaître leur indépendance. «Le but de notre réunion aujourd’hui est d’écouter nos collègues et de déterminer nos prochains pas dans cette direction», a déclaré Vladimir Poutine lors d’une réunion du Conseil de sécurité russe.
■ L’Ukraine dément l’infiltration de saboteurs
L’Ukraine a formellement démenti lundi avoir envoyé des «saboteurs» en Russie, après que Moscou eut déclaré en avoir tué cinq sur son sol, une affirmation qui risque de renforcer encore les vives tensions entre les deux pays. «Pas un seul de nos militaires n’a franchi la frontière avec la Fédération de Russie, et pas un seul d’entre eux n’a été tué aujourd’hui (lundi)», a déclaré à la presse un haut responsable du ministère de l’Intérieur, Anton Gerachtchenko.
■ L’armée russe dit avoir tué cinq «saboteurs»
L’armée russe a affirmé lundi avoir tué cinq «saboteurs» venus d’Ukraine en territoire russe et que deux véhicules militaires ukrainiens avaient également franchi la frontière, ont rapporté les agences russes. «Lors de combats, cinq personnes appartenant à un groupe de saboteurs et de renseignement ayant violé la frontière de la Russie ont été éliminées», a indiqué l’armée, assurant que l’incident a eu lieu dans la région de Rostov (environ 1000 km au sud de Moscou) à 6h du matin (4h), près de la localité de Mitiakinskaïa.
«Deux véhicules de combat de l’infanterie des forces armées ukrainiennes sont entrés (en Russie) depuis le territoire de l’Ukraine pour évacuer le groupe de saboteurs vers le territoire ukrainien via la frontière», selon la même source. L’armée précise qu’aucun militaire ou garde-frontière russe n’a été blessé.
■ Un sommet est toujours «possible» selon l’Elysée
Un sommet entre les présidents américain Joe Biden et russe Vladimir Poutine sur l’Ukraine est «possible» mais il appartient au maître du Kremlin de «faire son choix» pour qu’il se concrétise, a déclaré lundi l’Elysée.
«Il est possible aujourd’hui d’aller vers un sommet, de réunir les parties prenantes», a dit la présidence française, après une série d’échanges en ce sens entre Emmanuel Macron et ses deux homologues. «Maintenant, il s’agit pour le président Poutine de faire son choix», a-t-elle ajouté, en soulignant que «la situation reste «très dangereuse» et les parties sur un «chemin de crête».
■ L’idée d’un sommet Biden-Poutine jugée «prématurée» par le Kremlin
Le Kremlin a jugé lundi «prématuré» de parler d’un sommet des présidents Vladimir Poutine et Joe Biden, annoncé pourtant par la France pour désamorcer la crise russo-occidentale autour de l’Ukraine et le danger d’une invasion russe. «Il y a une entente sur le fait de devoir continuer le dialogue au niveau des ministres (des Affaires étrangères). Parler de plans concrets d’organisation de sommets est prématuré», a déclaré à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. «Une rencontre est possible si les chefs d’Etat (russe et américain) le jugent utile», a-t-il ajouté, relevant que Joe Biden et Vladimir Poutine ont toujours la possibilité «quand c’est nécessaire» de se parler «au téléphone ou d’une autre manière».
■ Des images des déploiements russes à la frontière
Des images de la société américaine d’imagerie satellitaire Maxar montrent de nouveaux déploiements de troupes russes et de matériel militaire à la frontière ukrainienne. Ces nouvelles photos, prises dimanche, font état de traces de véhicules traversant des champs enneigés, entourés de bois et bordés de routes.
■ Biden rencontrera Poutine «si une invasion n’a pas eu lieu»
Le président américain Joe Biden a accepté le principe de rencontrer Vladimir Poutine lors d’un sommet à condition que la Russie n’ait pas envahi l’Ukraine d’ici-là. Les Etats-Unis «s’engagent à poursuivre la diplomatie jusqu’au moment où une invasion débutera», a indiqué dans un communiqué la porte-parole de la Maison-Blanche Jen Psaki. «Nous sommes également prêts à infliger des conséquences rapides et sévères si la Russie choisit la guerre à la place», a ajouté Jen Psaki, «et actuellement, la Russie semble poursuivre ses préparatifs pour une attaque à grande échelle de l’Ukraine très bientôt».
■ Une «liste noire»
Les États-Unis ont averti l’ONU de l’existence, selon eux, d’une liste noire établie par Moscou d’Ukrainiens à éliminer.
Washington dispose «d’informations crédibles indiquant que les forces russes créent des listes d’Ukrainiens à tuer ou à envoyer dans des camps en cas d’occupation militaire» de l’Ukraine, selon une lettre officielle adressée à la Haute-Commissaire aux droits de l’homme de l’ONU, Michelle Bachelet.
La lettre fait également état d’«informations crédibles» concernant l’usage de la force pour «disperser des manifestations pacifiques» ou toute autre forme d’opposition de la société civile ukrainienne, ajoute cette lettre signée par Bathsheba Nell Crocker, l’ambassadrice des États-Unis auprès de l’ONU à Genève.
■ Un sommet Biden-Poutine proposé par la France
Lors d’un second entretien téléphonique entre le président français et son homologue russe, Emmanuel Macron a proposé un sommet entre Vladimir Poutine et Joe Biden, qui a été accepté par les deux parties, a annoncé l’Elysée. Il «ne pourra se tenir que si la Russie n’envahit pas l’Ukraine». Le contenu du sommet sera préparé par le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken et son homologue russe Sergueï Lavrov lors de leur rencontre prévue jeudi prochain.
Il serait suivi par un sommet «avec toutes les parties prenantes» qui porterait sur «la sécurité et la stabilité stratégique en Europe», a précisé la présidence française, ajoutant qu’il commencera à être préparé dès ce jeudi entre les Etats-Unis et la Russie.
■ Les troupes russes auraient reçu l’ordre d’envahir l’Ukraine
Les Etats-Unis disposeraient d’informations selon lesquelles l’ordre a été envoyé aux commandements russes de procéder à une invasion de l’Ukraine, affirmaient dimanche plusieurs médias américains (dont le Washington Post), citant des sources anonymes dans le domaine du renseignement. Sollicités par l’AFP, la Maison-Blanche, le Pentagone et le département d’Etat n’ont confirmé ou infirmé ces informations, également relayées par d’autres médias américains.
DIMANCHE
Après des échanges téléphoniques séparés avec le président Emmanuel Macron, dimanche, ses homologues russe Vladimir Poutine et ukrainien Volodymyr Zelensky se sont tous deux dits prêts à poursuivre les pourparlers. Le président russe a dit vouloir «intensifier» les efforts diplomatiques pour régler le conflit dans l’Est de l’Ukraine.
Plus tôt dimanche, la Biélorussie, allié de Moscou, avait fait savoir que les quelque 30 000 soldats russes présents sur son territoire, selon le décompte des Etats-Unis, et qui devaient partir ce dimanche, resteront pour d’autres exercices militaires.
Relire:
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