Eglise catholique
Alors que le pape François est accusé d'avoir ignoré les avertissements à propos d'un cardinal prédateur, des évêques américains sont montés au front lundi

Plusieurs cardinaux américains se sont défendus lundi face aux allégations de l'archevêque conservateur Carlo Maria Vigano, qui a accusé le pape François d'avoir sciemment ignoré des avertissements sur le comportement sexuel prédateur du cardinal Theodore McCarrick. Parmi eux, figure le cardinal Donald Wuerl de Washington, ex-évêque de Pennsylvanie lui-même poussé par certains à démissionner pour ne pas en avoir fait assez face aux abus sexuels massifs perpétrés par des prêtres dans cet Etat et apparus récemment au grand jour.
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Dans un communiqué, il a affirmé qu'il n'avait jamais été informé de sanctions qu'aurait prises le pape Benoît XVI contre le cardinal McCarrick. Sanctions qu'évoque Vigano dans sa lettre ouverte publiée samedi, en accusant le pape François de ne les avoir jamais appliquées. Le cardinal Wuerl a aussi affirmé que personne, depuis qu'il est à Washington, ne lui avait jamais signalé d'accusation d'abus perpétré par McCarrick.
Statement Regarding Archbishop Viganò’s Testimony: https://t.co/1GpCPKMlnz
— DC Archdiocese (@WashArchdiocese) 27 août 2018
Un autre prélat rangé dans le camp des «progressistes» américains, l'archevêque de Newark Joseph Tobin, a exprimé «sa tristesse et sa consternation» devant les allégations de Vigano. «Les erreurs factuelles, les insinuations et l'idéologie de la peur de son témoignage renforcent notre conviction qu'il faut avancer résolument pour protéger nos jeunes et vulnérables contre toute sorte d'abus», écrit-il dans un communiqué.
«Une enquête minutieuse» réclamée
Le cardinal Tobin, se rangeant dans le camp du pape, a demandé «une enquête minutieuse» sur les allégations de Vigano, tandis que le cardinal Wuerl est allé jusqu'à suggérer d'enquêter sur le mandat de Vigano comme ambassadeur du Vatican aux Etats-Unis.
Le président de la conférence des évêques américains, le cardinal Daniel DiNardo de Houston, a lui prudemment fait valoir que les accusations de Vigano renforçaient la nécessité d'un examen «rapide et complet» sur les raisons pour lesquelles «les graves erreurs morales d'un frère evêque (McCarrick, ndlr) avaient pu être tolérées pendant si longtemps et ne pas entraver son avancement». «Les questions soulevées méritent des réponses concluantes, reposant sur des preuves, sinon des innocents pourraient être souillés par de fausses accusations et les coupables pourraient répéter leurs péchés passés», a-t-il souligné. DiNardo s'est dit également «impatient d'avoir une audience auprès du pape» afin de lui présenter le «plan d'action» élaboré par les évêques américains pour «faciliter le signalement d'abus ou de mauvaise conduite par des évêques».
Ces réactions interviennent alors que le pape a refusé de commenter les accusations de Vigano. Le pape a accepté fin juillet la démission de McCarrick, 88 ans, suspendu fin juin suite à des accusations d'abus sur un adolescent remontant à plusieurs décennies.
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