Géopolitique
Poursuite de la tournée du secrétaire américain à la Défense. La rencontre de ce samedi, en Inde, a été l’occasion pour les deux pays de réaffirmer leur coopération militaire, «l’un des partenariats clés du XXIe siècle»

Le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, a salué samedi «l’engagement croissant» de l’Inde, dont il a rencontré le premier ministre, Narendra Modi, avec des «partenaires sur la même longueur d’onde», au moment où l’activisme chinois dans la région inquiète les deux pays.
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L’Inde est un partenaire essentiel pour les Etats-Unis dans la région Asie-Pacifique et les discussions avec New Delhi ont été dominées par la Chine. Le voyage de Lloyd Austin en Inde est la première rencontre de visu entre New Delhi et la nouvelle administration du président américain, Joe Biden.
Il est arrivé tard vendredi à New Delhi et a rencontré Narendra Modi et le conseiller national à la Sécurité, Ajit Doval.
Des «défis communs»
Lloyd Austin «a loué le rôle de leader de l’Inde dans la région indo-pacifique et son engagement croissant avec des partenaires sur la même longueur d’onde dans la région pour défendre des objectifs communs».
«Les deux parties ont réaffirmé leur engagement à défendre un ordre régional honnête et libre. Elles ont chacune énoncé leur perspective des défis communs se présentant dans la région et se sont engagées à renforcer leur vaste et robuste coopération en matière de défense», a ajouté John Kirby.
Sans mentionner directement la Chine, Narendra Modi a tweeté que «l’Inde et les Etats-Unis sont engagés dans un partenariat stratégique qui est une force pour le bien de la planète».
Cette visite survient tout juste après les premiers entretiens glaciaux qui se sont tenus jeudi entre le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, et de hauts responsables chinois en Alaska.
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«Partenariat clé du XXIe siècle»
La semaine dernière s’était tenu un sommet virtuel entre le président américain et les premiers ministres australien, indien et japonais, pour aborder une initiative commune afin de produire un milliard de vaccins contre le Covid-19 en Inde d’ici à 2022, considérée comme la première étape de son offensive diplomatique contre la Chine.
Samedi, Lloyd Austin a rencontré le ministre de la Défense Rajnath Singh, qui a assuré, à l’issue d’un entretien qu’il a qualifié de «détaillé et fructueux», que la coopération militaire entre les deux pays serait «l’un des partenariats clés du XXIe siècle».
Pour sa part, Lloyd Austin a déclaré que «l’Inde [était] le pilier de notre approche dans la région», saluant les «valeurs partagées et les intérêts stratégiques convergents» des deux pays.
Le chef du Pentagone devait également rencontrer le ministre des Affaires étrangères indien dans la journée.
Les Etats-Unis souhaitent que leurs partenaires dans la région coopèrent davantage entre eux pour créer un «réseau de partenariats qui se chevauchent», sans que les Etats-Unis interviennent nécessairement dans toutes les opérations, a indiqué un haut responsable du Ministère américain de la défense.
C’est dans ce cadre que le chef de la diplomatie indienne et la ministre australienne des Affaires étrangères, Marise Payne, auront des entretiens séparés avec leurs homologues français et indonésien, Jean-Yves Le Drian et Retno Marsudi, à New Delhi à la mi-avril, selon le Hindustan Times.
Relations russes
Les relations entre les Etats-Unis et l’Inde ont longtemps été épineuses, mais les craintes communes à l’égard de la Chine les ont rapprochés depuis l’arrivée au pouvoir de Narendra Modi en 2014 et sous la présidence de l’Américain Donald Trump (2017-2021).
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En 2016, les Etats-Unis ont désigné l’Inde «partenaire de défense majeur». Les deux pays ont depuis signé une série d’accords facilitant le transfert d’armements de pointe et approfondissant la coopération militaire.
Les entreprises de défense américaines ont signé des accords de plusieurs milliards de dollars pour fournir du matériel militaire, dont des hélicoptères, dans le cadre de la modernisation des forces armées indiennes, qui prévoient d’y engager quelque 250 milliards de dollars.
La Russie reste cependant le plus grand fournisseur d’armement de l’Inde. Narendra Modi a conclu en 2018 avec le président russe, Vladimir Poutine, un accord de 5,4 milliards de dollars pour l’achat du système de défense antimissile S-400 de Moscou.
L’accord tombe sous le coup d’un embargo américain sur les ventes d’armes russes et l’Inde négocie depuis des années pour éviter les sanctions, comme cela s’est produit avec la Turquie, alliée de l’OTAN, lorsqu’elle a commandé le S-400.