Proche-Orient
Plusieurs capitales européennes ont convoqué lundi les ambassadeurs israéliens pour protester contre le projet de nouveaux logements dans des colonies en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, auxquels Israël a affirmé qu’il ne renoncerait pas «en dépit des pressions internationales»
La Russie a jugé pour sa part «illégaux» les nouveaux projets d’Israël, appelant l’Etat hébreu à «reconsidérer» sa décision.
Mais le gouvernement israélien ne renoncera pas à son projet, a affirmé une source du bureau du premier ministre Benyamin Netanyahou.
«Israël insiste toujours sur ses intérêts vitaux, même sous les pressions internationales et il n’y aura pas de changement à la décision qui a été prise», de construire 3000 nouveaux logements dans des colonies, a déclaré cette source sous couvert de l’anonymat.
Les ambassadeurs israéliens à Paris, Londres, Stockholm, Copenhague et Madrid ont été convoqués lundi par les ministères des Affaires étrangères qui entendaient leur signifier leur «préoccupation» et leur «désapprobation».
Par ailleurs, le président français François Hollande a espéré que les décisions de construction ne seraient «pas appliquées», tout en rejetant «une logique de sanctions» envers l’Etat hébreu.
Nouveau signe des différences d’approche européennes sur le Proche-Orient, Berlin s’est seulement dit lundi «très inquiet», mais sans convoquer l’ambassadeur israélien.
Israël a annoncé vendredi son intention de construire 3000 logements supplémentaires à Jérusalem-Est et en Cisjordanie, notamment dans la zone dite E1, particulièrement controversée.
Située entre Jérusalem et la colonie de Maalé Adoumim, où Israël s’était engagé auprès des Etats-Unis à ne pas bâtir, cette zone, si elle est construite, rattacherait Maalé Adoumim aux quartiers de colonisation de Jérusalem-Est, compromettant la viabilité d’un futur Etat palestinien.
«Obstacle à la solution de deux Etats»
Cette décision a suscité des critiques internationales, y compris de Washington, soutien sans faille d’Israël, qui a estimé qu’elle faisait «reculer la cause de la paix» avec les Palestiniens.
L’annonce de nouvelles constructions a été faite au lendemain du vote à l’Assemblée générale de l’ONU qui a accordé à la Palestine un statut d’Etat observateur non membre aux Nations unies, une résolution contre laquelle ont bataillé en vain Israël et son allié américain.
«La démarche palestinienne à l’ONU est une violation flagrante des accords garantis par la communauté internationale», a réitéré lundi la source du bureau de Benyamin Netanyahou.
Parmi les 193 pays de l’Assemblée générale, la France, la Suède et le Danemark avaient voté en faveur de la résolution tandis que la Grande-Bretagne et l’Allemagne s’abstenaient.
Pour les pays européens, les nouvelles constructions annoncées compromettent la solution à deux Etats prônée depuis des décennies pour résoudre le conflit au Proche-Orient.
Ainsi, Londres a estimé que le projet rendait «potentiellement de plus en plus difficile à atteindre une solution basée sur deux Etats avec Jérusalem en capitale partagée».
La «convocation» de l’ambassadeur israélien Yossi Gal visait à lui exprimer «la très vive préoccupation de la France», a dit pour sa part le porte-parole du Ministère français des affaires étrangères, Philippe Lalliot.
Dans un communiqué à Paris, l’ambassade israélienne a précisé que Yossi Gal avait expliqué «qu’il était impossible de s’attendre à ce qu’Israël reste les bras croisés après la démarche unilatérale palestinienne à l’ONU».
Paris et Londres n’ont cependant pas confirmé envisager le rappel pour consultations de leurs ambassadeurs en Israël, qui constituerait un précédent dans les relations diplomatiques avec l’Etat hébreu, comme l’a affirmé le quotidien israélien de gauche Haaretz.